Le rassemblement national (RN) a viré en tête, à la suite du premier tour des élections législatives tenu hier.
Avec 33% des suffrages, le RN devance le nouveau front populaire (NFP) de 5 longueurs.
Ces chiffres sont significatifs, mais ne rendent pas compte d’emblée, si on peut dire, du nombre de sièges qui seront obtenus, au final, après le deuxième tour prévu le 8 juillet.
Car la situation est complexe, avec un système électoral qui autorise la présence au deuxième tour de tous les candidats ayant franchi la barre des 12 ,5% (du nombre d’électeurs inscrits dans sa circonscription) et qui le souhaitent.
Si d’ores et déjà le RN compte 39 élus et le NFP ,32, confrontations à deux, ou triangulaires, voire quadrangulaires, vont départager les candidats, dimanche prochain.
Ce lundi, place aux tractations, entre partis politiques, pour organiser des désistements, afin de maximiser les chances des uns ou des autres.
C’est ce nouveau contexte politique qui ne permet pas d’effacer les incertitudes réelles, quant à la victoire finale du RN.
Il est certes en tête et devrait le rester dimanche prochain pour ce qui concerne les chiffres globaux, sans pour autant, atteindre la majorité absolue.
Parce qu’en vérité, les législatives sont des batailles politiques au niveau de 577 circonscriptions, reparties sur l’ensemble du territoire national.
L’issue du scrutin se jouera donc dans une semaine, circonscription par circonscription.
Pour le RN, le parti LR (les Républicains), ou plutôt ce qui en reste, après le ralliement de Eric Ciotti, toujours président de ce parti (qui l’a exclu, exclusion non encore validée par la justice), serait la bouée de sauvetage, la seule réserve de voix, pouvant le booster vers la majorité absolue.
Avec une mobilisation renforcée de ses troupes pour s’imposer dans un maximum de duels, à deux, trois ou quatre.
A l’évidence, rien n’est encore joué, même si, le RN a franchi un pas historique dans sa légitimation nationale. Avec le taux de participation qui atteint 66%.
La « dédiabolisation « du RN est bien en marche, tout comme la « lepénisation des esprits ».
Le régime de Macron qui a fait adopter la « loi immigration », en mettant en exergue un phénomène instrumentalisé par l’extrême droite, récolte, aujourd’hui les fruits amers d’un choix irresponsable.
Avec 20%, le parti de Macron arrive au troisième rang, une humiliation pour un pouvoir qui avait la majorité relative à l’Assemblée nationale.
La dissolution a été un désastre, un choix jupitérien qui enfonce son pays dans une crise politique d’une ampleur aux conséquences, d’ores et déjà, catastrophiques pour la République.
Si le RN arrive à bricoler une majorité, ce sera l’avènement d’un pouvoir raciste qui va changer la donne politique en France, pays déjà miné par une stigmatisation des immigrés qui apportent 10 milliards d’euros nets à l’économie nationale.
Dans un pays qui vieillit, leur nombre va augmenter, comme dans toute l’Europe, démographie et impératifs économiques obligent.
Un pouvoir RN ne pourra changer cette réalité fondamentale.
Mais, on n’y est pas encore car la déroute électorale de Macron et des LR, du PS et des forces de gauche segmentées, est chose. La victoire totale du RN en est une autre.
Aux portes du pouvoir, certes, mais pas encore dedans !
Calculettes et négociations sont sollicitées et les propositions alléchantes du RN pourraient faire basculer d’autres LR.
Eric Ciotti a montré la voie.
D’autres font de la résistance.
En vérité, la confrontation directe en cours, oppose RN et NFP et, à l’intérieur de ce dernier bloc, Jean Luc Mélenchon et ses troupes.
Cet aspect majeur de la bataille politique pourrait être déterminant si le NFP sombre dans des guerres intestines.
La France est à un tournant, un moment crépusculaire voulu et choisi par son président qui a joué les apprentis sorciers et perdu sa majorité.
N’est pas « sorcier blanc » qui veut.