Le nouveau régime sénégalais, en place depuis le mois d’avril, vient de commettre une bourde monumentale en « sanctionnant » le Général Souleymane Kande, ex-patron des « Forces spéciales » et Chef d’Etat Major de l’Armée de Terre, en le nommant attaché militaire à l’Ambassade du Sénégal à New-Delhi.
C’est tellement grossier, au vu des états de service de Kande, nommé General d’Armée, depuis 3 ans, qui avait porté des coups décisifs à la rébellion casamançaise (lorsqu’il était comzone dans cette région) et s’est illustré dans de nombreuses missions onusiennes à l’étranger, et qui est resté fidèle au code de conduite républicain de l’Armée sénégalaise.
La question qui se pose est de savoir pourquoi le président Faye a-t-il pris une telle décision ?
Si Kandé était nommé Ambassadeur, personne n’aurait rien trouvé à y redire car c’est une « tradition » bien établie au Sénégal.
A titre d’exemple, le Général Tine, nommé ministre de l’intérieur (par le nouveau régime) était ambassadeur à Moscou. Il a quitté ce poste pour revenir au bercail.
Mais la fausse nomination et vraie sanction de Kandé a des relents de vendetta pour satisfaire ce qui reste des rebelles du MFDC qui ne lui pardonnent pas d’avoir accompli sa mission de défendre la sécurité et l’intégrité territoriale de l’Etat du Sénégal.
C’est une erreur grave qui suscite beaucoup de réactions négatives contre le nouveau régime qui a osé égratigner le respect que voue le peuple sénégalais à son Armée patriotique, efficace et républicaine.
Elle est une des rares armées du continent africain à n’avoir jamais mené de coup d’état.
Ce que les dirigeants du nouveau régime ne savent pas, c’est que le Général Kandé, pendant les troubles qui ont agité le pays de 2021 à 2022, a fait savoir que le verdict des urnes devait être respecté.
Et c’est ce qui s’est passé.
Un tel officier général devrait être honoré par la République et non jeté en pâture à une certaine opinion fractionniste et sécessioniste.
L’opération de « damage control » en cours pour mettre en exergue le décret du président Macky Sall, de Mars 2024 qui ouvre les portes des missions militaires dans les ambassades (et qui fait place aux généraux comme chefs de mission), est la preuve que Diomaye Faye et son gouvernement se sont rendu compte que leur décision a provoqué un tollé.
Les sénégalais n’aiment pas l’injustice et vénèrent les héros nationaux dont Kandé fait, assurément partie.
D’ailleurs, il a subi la sanction du nouveau pouvoir comme une injustice et a attaqué le décret de nomination auprès de la cour suprême.
Cette initiative judiciaire a peu de chance de prospérer car le Président de la République, chef Suprême des Armées, a le pouvoir constitutionnel de nomination dans les fonctions civiles et militaires.
Mais cela pourrait avoir des conséquences négatives en ce qui concerne le moral des troupes très attachées aux officiers qui les commandent.
Kandé est très populaire au sein de la Grande Muette sénégalaise et peut-être que cela aussi, dérange le nouveau régime.
Quoiqu’il en soit cette « affaire » ternit l’image des nouveaux gouvernants et pourrait commencer à éroder leur popularité.
L’évident est que Diomaye Faye n’avait nul besoin d’agir de cette façon.
Son image consensuelle en prend un coup et c’est dommage.
Kandé ne mérite pas ce qui lui arrive.