Le nouveau chef de l’Etat sénégalais a fait un discours-programme à l’occasion de son adresse à la Nation, à la veille de la fête nationale du Sénégal.
C’était son deuxième discours, après celui de sa prestation de serment, un jour plutôt qui a été succinct, mettant l’accent sur le fait qu’il a une pleine conscience de son rôle de « gardien de la Constitution », de garant de l’unité nationale et de sa volonté d’agir pour renforcer la démocratie.
Cette fois ci, il a quelque peu détaillé son programme, en mettant en exergue les attentes de ses concitoyens pour une diminution du coût de la vie, des solutions à la crise de l’emploi des jeunes, la lutte contre la corruption etc.
Sur cette dernière question, il a révélé que des « incitations financières seraient offertes aux prête-noms de ce qui ont détourné de l’argent public ».
Est-ce l’esquisse d’une « chasse aux sorcières » ?
Il a aussi annoncé un audit des « contrats miniers », mais, a esquivé la question des contrats en ce qui concerne les hydrocarbures.
Il s’est montré rassurant avec les partenaires et amis du Sénégal qui « trouveront toujours un pays ouvert et accueillant », disponible pour une coopération respectueuse, vertueuse et « gagnant-gagnant ».
Le nouveau président était à l’aise face au téléprompteur et a été meilleur en français qu’en wolof.
A l’évidence, il apprend vite et bien son nouveau rôle de Président, » chef suprême des forces Armées ».
Les attentes sont nombreuses et les engagements pris, pendant la campagne et dans le programme de son parti « Pastef » » relégalisé, très audacieux.
Baisser le coût de la vie semble un défi redoutable du fait des pesanteurs de la mondialisation et de la dépendance envers les marchés internationaux pour l’achat de denrées stratégiques comme le riz ou le blé, et encore le fuel, en attendant l’exploitation effective des gisements locaux.
La solution des subventions massives est-elle tenable ? Rien n’est moins sûr !
Et, face aux spéculateurs locaux, une armée de contrôleurs des prix, ne suffirait pas.
Faut-il pour autant baisser les bras et abdiquer ? Non !
Mais il faudra creuser les méninges et agir de manière subtile et innovante, en sollicitant l’expertise, là où elle se trouve.
Le volontarisme a des limites objectives.
Diomaye Faye paraît lucide et serein, il faut saluer son attitude et espérer que « le piège idéologique » ne le rattrape.
Pastef au pouvoir, c’est une ambition au service d’une idéologie dite « souverainiste » ?
Jusqu’à quel point, l’idéologie va-t-elle imposer ses rigidités et ses dogmes ?
Il faudra juger aux actes : « nos actes, nos actes seuls nous jugent » affirme Jean Paul Sartre. A juste raison !