Le chef de la junte en Guinée a nommé mardi un Premier ministre au deuxième jour d’une grève générale illimitée, et huit jours après avoir dissous contre toute attente le précédent gouvernement.
Le nouveau chef de gouvernement aura comme première mission de dénouer la crise avec les syndicats à l’origine d’un large mouvement de contestation qui paralyse le pays depuis deux jours. “Monsieur Amadou Oury Bah, économiste, est nommé Premier ministre, chef du gouvernement”, a déclaré à la télévision nationale le ministre secrétaire général de la présidence, le général Amara Camara.
Ancien collaborateur de l’ex-Premier ministre et opposant Cellou Dalein Diallo, leader du parti l’Union des Démocrates pour la Renaissance de la Guinée (UDRG), Oury Bah fut ministre de la Réconciliation nationale après les importantes grèves de janvier-février 2007 qui avaient secoué le régime autoritaire du président Lansana Conté, faisant 186 morts, selon des ONG.
Il a toujours prôné le dialogue et a participé à toutes les rencontres proposées par la junte au pouvoir depuis 2021 et boycottées par l’opposition. Dans la capitale Conakry, les écoles, banques et assurances sont restées fermées mardi, tout comme la grande majorité des commerces. Un service minimum a été assuré dans les centres de santé et les administrations. Les rues sont aussi restées presque vides.
Les treize centrales syndicales du pays sont en grève depuis lundi afin d’obtenir la baisse des prix des denrées de première nécessité, la fin de la censure médiatique, le respect d’un accord lié à l’amélioration des conditions de vie des fonctionnaires et la libération d’un syndicaliste de presse.
Sekou Jamal Pendessa, secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG), qui appelait à manifester contre la censure, a été condamné vendredi à six mois de prison dont trois avec sursis.
Le collectif d’avocats qui le défend a indiqué dans un communiqué avoir été informé lundi qu’avec une célérité rare, le procès en appel avait été audiencé mercredi. Le porte-parole du mouvement syndical, Amadou Diallo, a toutefois déclaré à l’AFP qu’il attendait la “satisfaction totale et entière de toutes (leurs) revendications” pour mettre fin à la grève. Des heurts sporadiques dans la banlieue de Conakry ont fait deux morts lundi.
Cette mobilisation fait figure de test pour les centrales syndicales, soutenues par les principaux partis politiques et des organisations de la société civile, et la junte qui interdit toute manifestation, musèle l’opposition et cherche à faire taire toute critique à son égard.