À mesure que les combats opposant l’armée congolaise aux rebelles du M23 prennent de l’ampleur autour de la ville de Goma, dans l’est de la RDC, les médias congolais se déchaînent contre le Rwanda.
Fustigeant Kigali, le bihebdomadaire Le Nouvel Observateur renseigne que la localité de Mushaga, non loin de la ville de Goma, vient de tomber entre les mains des terroristes du M23, ouvertement soutenus par leur mentor rwandais Paul Kagame. L’objectif principal, souligne le journal, est d’asphyxier le chef-lieu de la province du Nord-Kivu avant de lancer l’assaut final pour son occupation définitive. « Par cet acte, ces hors-la-loi défient une fois de plus la RDC et la communauté internationale », lit-on dans Le Nouvel Observateur. « Cette attitude belliciste du dictateur qui règne sur le pays des mille et une collines, malgré plusieurs résolutions adoptées par les pays de la sous-région, prouve à suffisance qu’il n’a aucun respect pour ses pairs. Son arrogance est mise à nu ».
Les autorités de Kinshasa sont également pointées du doigt par le bihebdomadaire qui les accusant d’inaction. «Le gouvernement, éléphantesque, a coûté très cher au trésor public, mais présente un bilan catastrophique. Aucune mission principale n’a été accomplie, notamment celle de monter une armée forte et puissante ».
Le site Afrikarabia, traitant particulièrement des actualités en RDC, a récemment fait état de « l’extrême faiblesse de l’armée congolaise, mal équipée, mal payée, mal commandée et surtout avec une chaîne de commandement largement corrompue : une armée qui ne permet pas au chef de l’État de mener des opérations militaires de grande envergure sur son propre territoire, et encore moins sur un théâtre extérieur que serait le Rwanda ».
Et une issue à cette crise ne semble pas se profiler, alors que Kinshasa et Kigali continuent de se tourner le dos. « Félix Tshisekedi a répété (le week-end dernier) à Addis-Abeba que Kinshasa “ne négocierait jamais avec le M23” – qu’il classifie parmi les organisations terroristes –, créé et manipulé par le Rwanda. Pour autant, Kinshasa n’est pas résolu à s’asseoir à la même table que Paul Kagame à n’importe quel prix. “Le préalable à toute discussion directe avec Kigali est le départ de tous les soldats rwandais de RDC”, a rappelé Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement », écrit à ce propos Le Monde Afrique. Côté rwandais, poursuit Le Monde Afrique, « les trente années de conflit et d’instabilité dans la région des Grands Lacs – depuis le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994 – découlent de “l’incapacité constante” de Kinshasa à assurer “la protection des droits et des vies des Tutsi congolais”. En substance, toujours pour Kigali, le M23 ne serait qu’un mouvement congolais créé pour la défense de la communauté tutsie ».
L’Angola en médiateur ?
Face à l’imminence de la guerre, l’Occident, notamment les États-Unis et la France, durcit le ton à l’égard du Rwanda et incite l’Angola à remettre sur les rails un processus diplomatique qui s’était enlisé.
« Le président Joao Lourenço devrait lancer une nouvelle initiative dans les prochains jours », croit savoir Le Monde Afrique. « Les présidents rwandais et congolais devraient se rendre à Luanda pour des rencontres bilatérales destinées à préparer la voie pour des négociations directes. » En tout cas, conclut Le Monde Afrique, « le temps presse, au risque d’une internationalisation du conflit ».
Effectivement, pointe WakatSéra, « la patate chaude est désormais dans les mains du médiateur Joao Lourenço. Mais le faiseur de paix angolais, visiblement, ne sait plus par quel bout prendre la chose pour rabibocher Kagame et Tshisekedi, tant la fracture entre les deux est abyssale ».
Alors s’interroge le site ouagalais, « à moins d’une guerre ouverte, de quels moyens de pression disposent aujourd’hui, la France, la Belgique et les États-Unis pour mettre fin à l’implication présumée du Rwanda dans l’offensive guerrière du M23 ; le Rwanda qui vient de disposer des missiles sol-air sur son territoire ? Est-ce définitivement le point de non-retour qui est atteint entre le Rwanda et la RD Congo ? ».