Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a accueilli mercredi au Caire son homologue turc Recep Tayyip Erdogan pour une visite inédite, point d’orgue de la réconciliation après plus d’une décennie de brouille.
Lundi, M. Erdogan avait affirmé se rendre aux Emirats arabes unis puis en Egypte pour “voir ce qui peut être fait de plus pour nos frères à Gaza”, pilonné sans répit par Israël depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre.
Le président turc avait ajouté qu’Ankara faisait “tout pour arrêter le bain de sang”, alors que plus de 28.000 Palestiniens ont été tués, en grande majorité des civils, selon le gouvernement du Hamas, dans l’offensive lancée dans la bande de Gaza par Israël en représailles à l’attaque du 7 octobre.
Le président turc s’était rendu en Egypte pour la dernière fois en 2012 alors comme Premier ministre. L’islamiste Mohamed Morsi, grand allié d’Ankara, dirigeait alors le pays.
Son ministre de la Défense, Abdel Fattah al-Sissi, l’avait renversé en 2013 et depuis, M. Erdogan répétait qu’il ne parlerait “jamais” à “quelqu’un comme” lui. Les relations entre les deux hommes se sont malgré tout réchauffées, leurs intérêts convergeant désormais sur plusieurs théâtres régionaux notamment le Soudan ou la bande de Gaza.
Et si politiquement le torchon a longtemps brûlé. L’Egypte et la Turquie soutiennent deux gouvernements rivaux en Libye. Les relations commerciales sont restées au beau fixe : Ankara est le cinquième partenaire commercial du Caire. Les deux hommes devraient également discuter économie et développement des relations bilatérales, assurent les médias d’Etat des deux pays.
Sur le dossier de Gaza, M. Erdogan, qui a qualifié Israël d'”Etat terroriste” et le Hamas de “groupe de libérateurs”, a rappelé début novembre l’ambassadeur de Turquie à Tel-Aviv, tout en jugeant impossible de “rompre complètement” avec Israël. Avant le 7 octobre, plusieurs dirigeants politiques du Hamas étaient installés à Istanbul. Ils ont discrètement été priés de partir depuis. Dès le début du conflit à Gaza, M. Erdogan a proposé sa médiation mais les discussions sur des trêves sont jusqu’ici menées par le Qatar et l’Egypte.
Mardi, les directeurs des renseignements américain et israélien, le Premier ministre qatari et des dirigeants égyptiens ont discuté au Caire des moyens pour “oeuvrer à une trêve dans la bande de Gaza”. Ces discussions ont été “positives”, a rapporté une télévision proche du renseignement égyptien.