Dans une requête de 84 pages adressée à la Cour internationale de Justice (CIJ) qui siège à La Haye, l’Afrique du Sud exhorte les juges à ordonner d’urgence à Israël de “suspendre immédiatement ses opérations militaires” dans la bande de Gaza.
Pretoria estime qu’Israël “s’est livré, se livre et risque de continuer à se livrer à des actes de génocide contre le peuple palestinien à Gaza”. Des propos qu’Israël a qualifié de “diffamation sanglante absurde”.
Les décisions de la CIJ sont sans appel et juridiquement contraignantes, mais elle n’a aucun pouvoir pour les faire appliquer.
Pour défendre cette première affaire portée par le pays devant la CIJ, Pretoria envoie “une équipe d’élite” d’avocats, a souligné Cathleen Powell, professeur de droit international à l’université du Cap, citée par l’AFP.
Parmi eux, John Dugard, associé au cabinet d’avocats international Doughty Street Chambers, auquel appartient notamment Amal Clooney. Me Dugard a été rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l’homme dans les territoires palestiniens.
Y figure aussi Tembeka Ngcukaitobi, qui a notamment travaillé sur l’affaire qui a conduit l’ancien président Jacob Zuma en prison. Une délégation menée par le ministre de la Justice, Ronald Lamola, se rend aussi à La Haye pour soutenir l’initiative.
La requête de Pretoria est motivée par des raisons historiques et politiques, selon les observateurs. Le parti au pouvoir (ANC, Congrès national africain), soutient depuis longtemps la cause palestinienne, qu’il a associée à la lutte contre l’apartheid. Nelson Mandela avait ainsi affirmé que la liberté de l’Afrique du Sud serait “incomplète sans la liberté des Palestiniens”.
Le président Cyril Ramaphosa a déclaré cette semaine que Mandela avait inspiré l’action devant la justice internationale, et évoqué une “question de principe”: “Le peuple palestinien est bombardé, tué (…) Nous avions le devoir de nous lever et soutenir les Palestiniens”.
Rappelons que les bombardements israéliens ont réduit de grandes parties de la bande de Gaza à l’état de ruines, et ont fait plus de 23.000 morts, majoritairement des femmes et des mineurs. Les quelque 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza, dont environ 1,9 million ont dû fuir leur foyer, selon l’ONU, continuent d’être confrontés à une situation humanitaire désastreuse.