A six mois des élections, la campagne s’annonce très tendue en République démocratique du Congo, avec une opposition qui fulmine contre un régime bien décidé à rester au pouvoir, sur fond de conflit dans l’Est et de crise sociale.
La présidentielle, à un seul tour, est prévue le 20 décembre 2023 dans l’immense pays de quelque 100 millions d’habitants, couplée à l’élection des députés nationaux et provinciaux ainsi que des conseillers communaux. Félix Tshisekedi, président depuis janvier 2019, est candidat à un second mandat de cinq ans.
Les autorités affirment que les élections auront bien lieu « dans les délais constitutionnels » et, surtout, la Commission électorale nationale (Céni), a jusqu’à présent respecté son calendrier.
Depuis quelques semaines, les formations de quatre opposants, candidats déclarés à la présidentielle, organisent des manifestations pour réclamer une refonte de ces organes qui, selon eux, vont mener à la fraude et au chaos.
Ces opposants – Martin Fayulu, Moïse Katumbi, Matata Ponyo et Delly Sesanga – considèrent aussi que le fichier électoral est « fantaisiste », notamment parce que « l’enrôlement » n’a pu avoir lieu dans des territoires en proie aux violences armées et que l’ « audit » a été réalisé en un temps record de cinq jours.
La police avait violemment réprimé une de leurs marches, le 20 mai, entraînant de nombreuses protestations, de la puissante Eglise catholique, de la société civile ou de la communauté internationale, avec une déclaration d’une quinzaine d’ambassades appelant à des élections « compétitives, pacifiques, inclusives et transparentes ».
Le camp de l’ancien président Joseph Kabila (2001-2019), quant à lui, a jusqu’à présent demandé à ses militants de boycotter le processus électoral.
Les observateurs s’attendent par ailleurs à une forte abstention, à cause du manque de confiance dans le processus électoral et la classe politique en général, mais aussi parce que la préoccupation de beaucoup de Congolais, pris à la gorge par le chômage et l’inflation, est de nourrir leurs familles.