La compagnie nationale éthiopienne Ethiopian Airlines est assignée le 9 juin devant un tribunal civil d’Addis Abeba par une association de défense des droits humains. Human Rights First l’accuse de « discriminations » envers les voyageurs originaires de la région du Tigré.
Après la signature en novembre d’un accord mettant fin à deux ans de guerre entre le gouvernement fédéral et les autorités régionales tigréennes, Ethiopian Airlines, qui a le monopole des vols intérieurs commerciaux en Éthiopie, a repris en décembre ses liaisons aériennes entre la capitale éthiopienne Addis Abeba et le Tigré, interrompues durant 18 mois.
Selon l’association éthiopienne Human Rights First qui a assigné la compagnie, celle-ci a interdit la vente de billets des vols décollant des deux aéroports opérationnels au Tigré – Mekele et Shire – aux Tigréens et Tigréennes âgés de 15 à 60 ans.
« Les seules exceptions concernent les mères voyageant avec leurs enfants et les personnes munies d’un certificat médical », a expliqué à l’AFP un membre de l’association Human Rights First ayant requis l’anonymat. Dans une réponse écrite au tribunal, Ethiopian Airlines rejette les allégations de l’association et demande qu’elle soit déboutée.
Selon l’assignation, la compagnie aérienne applique aussi systématiquement la classe tarifaire maximale aux billets des vols du Tigré vers Addis Abeba. Human Rights First dit s’appuyer sur une note interne à la compagnie et sur trois témoignages dont celui d’un ex-employé d’Ethiopian Airlines.
Le quotidien britannique The Guardian a recueilli le témoignage d’un ancien employé d’Ethiopian airlines. Mi -janvier, la compagnie lui a demandé de ne pas vendre de billets à des passagers entre 15 et 65 voyageant depuis le Tigré. La raison invoquée est que le gouvernement se préoccupe d’un possible exode de jeunes du Tigré qui traverse une importante crise humanitaire.
Le Guardian a pu consulter un e-mail interne du directeur des ventes d’Ethiopian airlines, en date du 12 janvier, qui ordonne aux employés de dire aux clients que le nombre de sièges sur les vols en provenance du Tigré étaient limités en raison de la nécessité « de prioriser les passagers fragiles ». L’ancien employé a dit au Guardian que « c’est faux. Les vols ne sont pas complets et des sièges sont disponibles ».