La violente journée de manifestations à l’appel des Forces vives, notamment à Conakry, et qui aura fait au moins 7 morts et plus de 30 blessés, selon l’opposition, aura donc fini par payer. En effet, les autorités guinéennes ont finalement accédé à l’une des revendications de la plateforme qui regroupe des partis politiques, syndicats et organisations de la société civile, en libérant de prison trois leaders de la société civile incarcérés depuis 10 mois.
Les leaders du Front national de défense de la constitution (FNDC), Foniké Mengué, Ibrahima Diallo et Billo Bah sont sortis de prison, mercredi soir, après une chaude journée de manifestations à Conakry.
Sept personnes auraient été tuées selon un bilan fourni par les organisateurs, alors que des hôpitaux parlent de deux morts et de nombreux blessés. Toute la journée du mercredi, les jeunes manifestants ont donné du fil à retordre aux forces de l’ordre.
Une libération sans condition
Tard dans la soirée, mercredi, l’information a été confirmée que les trois responsables du FNDC sont libérés. Le Procureur général de la Cour d’appel qui s’est confié à RFI a tenu à préciser que cette libération est sans condition, en attendant la tenue de leur procès.
Une précision de taille, puisque les interrogations étaient fortes chez les militants après l’annonce de leur libération. Le 8 mai dernier, en effet, des chefs religieux, des imams et des prêtres, qui tentaient une médiation entre la junte et l’opposition avaient annoncé que les autorités étaient prêtes à libérer Foniké Mengué et ses camarades.
Mais dans un communiqué publié le même jour, les avocats des trois responsables du FNDC, avaient déclaré que cette libération était soumise à la condition que Foniké Mengué et Compagnie s’engagent à renoncer à leur lutte citoyenne. Ce que les concernés avaient refusé.
Ces figures de la société civile guinéenne avaient été arrêtées en juillet 2022, suite à l’organisation de plusieurs manifestations pro démocratie. Restés sans jugement depuis cette date, ils sont poursuivis pour «participation à un attroupement interdit et pillages », entre autres.
Un d’entre eux, Ibrahima Diallo, responsable des opérations du FNDC, qui s’est prononcé sur la radio française, juste après sa libération, mercredi soir, a déclaré avoir été victime d’une détention arbitraire, après ces 10 mois de prison, sans jugement. Il a annoncé qu’il va porter plainte contre l’État guinéen. Devant une juridiction locale, mais aussi à la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Il a assuré que le combat pour la démocratie va se poursuivre.
Plusieurs leaders politiques guinéens, notamment des dignitaires du régime d’Alpha Condé, renversé le 5 septembre 2021 après un coup d’Etat, sont emprisonnés en Guinée. D’autres font l’objet de poursuites judiciaires et certains sont en exil, hors de la Guinée.