Un monument à la mémoire des victimes du génocide des Tutsi du Rwanda sera érigé sur les quais de Seine en plein cœur de Paris, a annoncé l’Elysée. Un nouveau pas mémoriel effectué par la France, dont le président Emmanuel Macron a reconnu « les responsabilités » dans le génocide de 1994.
Le monument sera érigé rive gauche non loin du ministère des Affaires étrangères et juste en face, sur la rive opposée, du monument à la mémoire des victimes du génocide arménien. Il s’agit de « rendre un hommage national, visible et permanent à la mémoire des victimes », a indiqué l’Elysée, qui lancera avec la ville de Paris un appel d’offres fin mai.
« Nous devons regarder cette histoire en face, droit dans les yeux », a martelé la secrétaire d’Etat Chrysoula Zacharopoulos, estimant, très émue, que ce monument serait « un appel à l’éveil de toutes les consciences, sur ce que l’être humain a pu commettre de plus atroce dans son histoire ». Le président de l’association de rescapés Ibuka France, Marcel Kabanda, a salué un geste « très important ». « C’est un geste d’apaisement des mémoires entre la France et le Rwanda et d’apaisement des cœurs des rescapés du génocide », a-t-il dit à l’AFP.
La France, qui entretenait des relations étroites avec le régime rwandais, a longtemps été accusée de « complicité » par Kigali. Une commission d’historiens mise en place par le président Macron a conclu en 2021 à des « responsabilités lourdes et accablantes » de la France, tout en écartant la complicité. Ce rapport a permis un rapprochement inédit entre Paris et Kigali après des décennies de tensions.
La décision d’ériger un monument permet de « reconnaître l’importance extrême de la catastrophe de 1994 », a estimé pour l’AFP Vincent Duclert, le président de la commission d’historiens, en pointant « l’emplacement très symbolique » à côté du ministère des Affaires étrangères, « un des hauts lieux du pouvoir, dont on connaît désormais la responsabilité dans le génocide ».