Le survol à basse altitude de Kidal et de ses environs, mercredi, par un avion de chasse de l’armée malienne, a provoqué l’ire de l’ex-rébellion touareg qui contrôle cette ville stratégique du Nord du Mali. La coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), a dénoncé ce qu’elle qualifie de « provocation » de la part du régime militaire de Bamako et a riposté par des tirs de sommation. De quoi installer un climat de tension à la veille du 11ème anniversaire de la proclamation de l’indépendance de l’Azawad.
C’est vers 14 heures que l’avion de chasse de l’armée malienne a débuté ses rotations, à basse altitude, au-dessus de Kidal. Les localités de Ber, Anefis et Amassine ont été également survolées, sans aucune frappe. Mais les ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), ont aussitôt riposté par des tirs de sommation.
Un acte qui intervient à la veille de l’anniversaire de la proclamation unilatérale de l’indépendance par un des principaux groupes touareg le 6 avril 2012. Une proclamation qui faisait suite au soulèvement des indépendantistes qui ont été ensuite rejoints par les salafistes et à la prise des grandes villes du Nord, dont Kidal.
Depuis, les indépendantistes ont signé un accord de paix avec le gouvernement malien en 2015, alors que les groupes djihadistes continuaient le combat contre l’Etat malien. Un accord de paix aujourd’hui chancelant, qui laisse croire à une possible reprise des hostilités entre les ex rebelles et l’armée malienne.
D’ailleurs, la CMA, principale alliance d’anciens rebelles dans le Nord, a accusé l’armée malienne d’avoir « survolé à des altitudes délibérément provocatrices ses positions à Ber, Amassine, Anefis et Kidal, en pleine période de tensions liées au blocage du processus de paix ».
Dans un communiqué publié, mercredi, la CMA parle de « violation patente du cessez-le-feu du 23 mai 2014 et (de) provocation grave opérée sous les yeux de la communauté internationale garante des arrangements sécuritaires et de l’Accord pour la paix ».
De leur côté, les autorités maliennes n’ont pas réagi à ces déclarations. Mais il est clair que l’insoumission de la CMA qui contrôle de vastes étendues du Nord du pays, est une situation qui irrite au plus haut point la junte militaire au pouvoir depuis 2020.
Le colonel Assimi Goïta, le nouvel homme fort de Bamako qui a fini de couper le cordon ombilical avec la France et s’est considérablement rapproché de la Russie aux plans militaires et politiques, fait, en effet, de la souveraineté nationale une question primordiale.
Ainsi, la célébration de l’anniversaire de la proclamation d’indépendance de l’Azawad, en 2012, malgré la signature d’un accord de paix en 2015, est également perçue, chaque année, comme une provocation par les autorités de Bamako.
Le porte-parole de l’armée malienne, le colonel Souleymane Dembélé, rappelait, pourtant, en début de semaine, qu’« aucune action néfaste ne serait entreprise à l’égard de Kidal », affirmant que les relations entre l’armée et les groupes armés signataires s’inscrivaient dans le cadre de l’accord de paix, et que l’armée n’avait pour cible que les groupes terroristes.