COUPABLE. C’est le verdict rendu par les médias français dans l’affaire « Tariq Ramadan ». Et ça n’a rien avoir, évidemment, avec les origines du monsieur ou sa religion. Voyant, pourquoi une femme va accuser un homme de viol si ce n’est pas vrai !! Après tout, les hommes, musulmans surtout, sont connus pour être des violeurs. Et ça, tout le monde le sait comme disait l’autre.
Mais sérieusement où sont passés « Présomption d’innocence », « respect des droits des accusés », et leur petit frère « respect des familles des accusés »… tant de concepts mis de coté exceptionnellement pour cette affaire. En effet, avant même que les juges ne se prononcent la majorité des médias et certains politiques ont déjà rendu leur verdict.
Dans ce sens, l’ancien premier ministre d’appartenance gauchiste et d’humeur d’extrême droite, Manuel Valls, n’a pas hésité à prendre position. Portant son masque favori, celui de Jean-Marie Le Pen, le premier ministre de François Holland a tweeté « Depuis des années je dénonce la duplicité de #TarikRamadan…aujourd’hui la vérité éclate grâce à des femmes courageuses. Merci à elles! ».
Mais ne l’oublions pas, Valls s’est toujours dressé contre les accusés de viol. Rappelez-vous l’affaire DSK. Il n’a pas hésité à qualifier cet acte de «cruauté insoutenable». On parle de l’arrestation de l’ancien patron du FMI bien sûr et non pas de l’acte pour lequel il était accusé.
Poursuivant son plaidoyer en faveur de son camarade du parti, Valls avait tweeté « Cela fait près de trente ans que je fais de la politique, mais je n’ai jamais vu cela et je n’ai jamais ressenti cela. J’avais les larmes aux yeux. (…) DSK est un ami que je connais depuis longtemps ».
Toutefois, cet acharnement des médias français contre l’islamologue suisse, accusé dans une affaire de viol, semble avoir l’effet contraire. En effet, le non-respect de la présomption d’innocence ainsi que la référence continue à ses origines a fait réagir politiciens et société civile. Invitée ce mardi 6 février sur CNews, la sénatrice PS des Bouches-du-Rhône Samia Ghali n’a pas hésité a critiqué la procédure en cours. « Je me demande qui on juge, là ? Est-ce que c’est Tariq Ramadan, l’homme, qui a violé ? Ou est-ce que c’est Tariq Ramadan le musulman ? » a-t-elle souligné.
La peur peut résumer la position de la majorité des médias français. On le sait, Ramadan dérange depuis plusieurs années. Un intellectuel aux arguments bien aiguisés et au discours largement plus convaincants que celui de la majorité de ses homologues français est un homme à abattre. Un musulman et intellectuel en plus ! C’est une blague ? On fait quoi de Chalghoumi et ses semblables ? Ceux qu’on ne cesse de médiatiser, depuis des années, pour les présenter comme « représentants des musulmans d’Europe » ! Ceux qui « sont Charlie » tout en pensant que Charlie était un homme bon et sympathique !