C’est une sortie qui fait tâche. Dans une interview accordée à la radio malienne Joliba TV et à RFI, l’ancien Premier avocat général de la Cour Suprême, l’institution qui avait inculpé l’ex Premier ministre malien Soumeylou Boubeye Maïga en août 2021, a affirmé que l’ancien chef du gouvernement, mort en détention le 21 mars 2022, avait été assassiné.
L’ancien Premier ministre malien avait été inculpé pour « atteintes aux biens publics par détournement » dans une affaire d’achats d’équipements militaires et d’un avion présidentiel en 2014, alors qu’il était ministre de la Défense.
Emprisonné, sa santé s’était rapidement dégradée et il décéda le 21 mars 2022 dans une clinique de Bamako. Les militaires au pouvoir s’étaient opposés à son évacuation à l’étranger, malgré l’avis favorable des médecins.
Cheick Mohamed Chérif Koné, l’ancien Premier avocat général de la Cour suprême, a révélé aux médias malien et français, ce qu’il appelle « les dessous de l’affaire ».
« Soumeylou Boubeye a exprimé son souhait de voir la transition prendre fin à date. Il a été ciblé. Les tenants de la transition voulaient autre chose. Ils voulaient une transition sans fin », a-t-il, en effet déclaré.
Le magistrat Koné a été limogé depuis, de son poste de la Cour suprême, après avoir protesté contre l’arrestation de Boubeye Maïga. Il est actuellement Coordinateur général d’un vaste mouvement politique qui s’oppose à la junte militaire au pouvoir au Mali.
« Contrairement à ce que le régime pensait, moi, je n’étais pas là pour défendre leur position. Ce sont les deux premiers responsables de la Cour suprême qui sont à la base de cette tragédie judiciaire », a-t-il ajouté.
Hier 13 mars, l’activiste malien Ras Bath était convoqué dans un commissariat de police de Bamako et a été inculpé et écroué. Le week-end précédent, lors d’une réunion du parti de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga, il avait publiquement déclaré que ce dernier a été «assassiné ».
A l’annonce du décès de Boubeye Maïga en détention, le 21 mars 2022, le président nigérien Mohamed Bazoum avait publié un tweet qui avait jeté un froid dans les relations entre le Mali et le Niger.
« Je viens d’apprendre avec consternation la mort de Soumeylou Boubèye Maïga, ancien Premier ministre malien. Sa mort en prison rappelle celle du président Modibo Keita en 1977. Je pensais que de tels assassinats relevaient d’une autre ère », avait écrit M. Bazoum.