L’éducation est la mère de toutes les batailles pour tous les pays et particulièrement ceux du Sud encore largement handicapés par l’analphabétisme, l’obscurantisme, l’arriération technologique et scientifique.
Les pères des indépendances africaines, dans leur immense majorité, l’avaient compris et avaient logiquement massivement investi dans l’éducation et la formation des jeunes.
Au Sénégal, notamment, le président Senghor, enseignant, premier africain agrégé de grammaire française, avait choisi de consacrer 30% du budget de l’Etat à ce secteur stratégique. Il a ainsi fait de l’école sénégalaise un creuset d’excellence même si seule une minorité en profitait, pour de multiples raisons liées à la géographie, aux réalités sociales et culturelles et à d’innombrables autres facteurs.
Les présidents qui ont pris le relais ont maintenu voire même dépassé le niveau d’investissement des années Senghor mais l’éducation pour tous est encore un idéal. Parce que la démographie galopante pose des défis budgétaires impossibles à relever par les Etats quelle que soit le volontarisme affiché.
C’est pour quoi la mobilisation d’ONG comme le partenariat mondial pour l’éducation est à encourager. Elle renforce les moyens des gouvernements en apportant des financements additionnels et dans ce cas spécifique, gracieux. À Dakar l’objectif visé est une mobilisation de trois milliards de dollars. C’est peu par rapport aux immenses besoins dans ce secteur mais c’est un montant important.
La présence d’Emmanuel Macron, chef de l’Etat français et de responsables politiques de haut niveau venus d’Espagne, de Norvège, du Royaume Uni, d’Irlande, des Emirats Arabes Unis aux côtés de leur hôte le président Macky Sall est signe d’un engagement fort en faveur de l’Afrique et de ses fils.
Les vrais amis du continent sont ceux qui l’aident à éduquer ses enfants pour qu’ils conquièrent les savoirs et les connaissances scientifiques, technologiques sans lesquels aucun développement n’est possible.
Mais comment comprendre alors les commentaires négatifs sur la venue de Rihanna, par exemple, qui soutient cette noble initiative. Qu’elle soit « pop star » ne change rien à l’affaire. Elle est une personne humaine engagée dans un combat qui est le plus sublime de tous lorsqu’il s’agit d’un homo sapiens. Apprendre, se cultiver, s’ouvrir aux lumières du savoir, voilà le chemin de l’homme, être de raison qui développe ses potentialités en allant à la recherche de l’excellence spirituelle.
À ce banquet tout le monde est invité. Rihanna est la bienvenue à Dakar et elle doit être reçue avec tous les honneurs. Son acte est celui d’une personne humaine digne d’éloge. Le Sénégal qui a toujours été une terre de tolérance, d’ouverture voire de symbiose peut-il perdre son âme au point de se laisser barricader dans un dogmatisme terrifiant ? Le pays de la Teranga peut-il se renier ? Non ! Les ultras ne vont pas imposer la loi de l’absurde. Le respect ouvre les yeux du cœur et de l’esprit. L’Autre est d’égale dignité que nous et le seul combat politicien ne saurait justifier de lui jeter l’anathème.
Une prise de conscience politique s’impose et les vrais guides religieux ont l’obligation morale de prendre la parole pour éclairer l’opinion publique et inviter les populations à rejeter les prêcheurs haineux et les politiciens revanchards. Les dérives verbales sont du poison. Il ne faut pas les laisse envahir l’espace public sans réagir. Tous ceux qui viennent au Sénégal pour soutenir le combat pour l’éducation sont les bienvenus, à commencer par Macron.
Il est un hôte dont nous pouvons être fier. Il soutient l’action engagée avec le PSE parce qu’elle va dans le bon sens, celui qui va favoriser l’émancipation économique et sociale du Sénégal. Que les investisseurs français y trouvent leur compte ; rien de plus normal car il s’agit d’un partenariat gagnant-gagnant.
À Saint-Louis le président français va retrouver les traces d’une rencontre historique entre français et sénégalais vieille de plus de trois siècles. Il sera accueilli avec joie par des hommes et des femmes pour qui l’hôte doit être célébré.
Macron parle vrai et il a le « bagage intellectuel » pour défendre ses idées avec pertinence. Il est l’homme de son époque qui veut travailler avec l’Afrique dans le respect.
Le Sénégal lui ouvre ses portes et son cœur.