Le camp du président Patrice Talon a remporté les législatives au Bénin, marquées par le retour de l’opposition au parlement après quatre ans d’absence, selon les résultats provisoires donnés hier mercredi par la Commission électorale nationale autonome (Cena).
Les élections de dimanche dernier, qui se sont déroulées dans le calme, faisaient office de test clé pour le Bénin. Si les partisans du président Talon, au pouvoir depuis 2016, estiment qu’il a favorisé le développement économique, l’opposition souligne qu’il y a fait reculer la démocratie en muselant ses opposants.
D’après la Cena, l’Union progressiste pour le renouveau (UP-R) et le Bloc républicain (BR), partis de la mouvance présidentielle, ont respectivement obtenu 53 et 28 sièges, soit au total 81 des 109 sièges du parlement, contre 28 pour le principal parti d’opposition, Les Démocrates. Les résultats définitifs de ces législatives sont attendus vendredi.
Le scrutin s’est déroulé dans le calme et conformément aux règles en vigueur, selon une mission d’observation de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
Les dernières législatives organisées en 2019 avaient été marquées par des violences meurtrières, une abstention record (plus de 70%) et une coupure totale de l’internet…des faits rarissimes au Bénin.
L’opposition n’avait pu y participer en raison d’un durcissement des règles du scrutin. Seules deux formations de la mouvance présidentielle avaient été autorisées à concourir, donnant lieu à un Parlement entièrement acquis au président Talon.
Le président Talon, un richissime homme d’affaires, a été élu président en 2016, et réélu en 2021. Depuis, ses principaux opposants ont été soit emprisonnés, soit forcés à l’exil.
Deux des principaux adversaires de Talon, le constitutionnaliste Joël Aïvo et l’ancienne Garde des Sceaux Reckya Madougou, ont été condamnés à de lourdes peines et sont toujours détenus. Ils ont été condamnés après avoir été jugés par une Cour spéciale dédiée au terrorisme et aux crimes économiques, le CRIET, que les adversaires du président jugent instrumentalisée pour briser l’opposition.
Le parti des Démocrates a d’ores et déjà annoncé qu’il proposerait au parlement une loi d’amnistie pour permettre la libération des opposants politiques et le retour au pays des exilés. Cette année, sept partis politiques, dont trois se réclamant de l’opposition, ont été autorisés à participer aux législatives.