Ayant multiplié les manoeuvres dilatoires pour empêcher la tenue du procès du maire de Dakar accusé de détournement de deniers publics portant sur 1 milliard 800 millions de francs CFA, les avocats de Khalifa Sall ont donc échoué car la confrontation judiciaire a bel et bien commencé depuis mardi(23 janvier).
Mais cette défaite, au lieu de pousser les avocats de l’édile à changer de stratégie, semble les précipiter dans une sorte de fuite en avant. Pour continuer à jouer la montre et à détourner le procès de son objet à savoir édifier les citoyens sur les sommes considérables puisées frauduleusement de la caisse d’avance de la mairie de Dakar.
C’est ainsi que les deux premiers jours du procès ont été consacrés à l’examen de la « constitution de la mairie de Dakar comme partie civile », nouvelle trouvaille des avocats du maire pour retarder le débat de fond. Ces avocats là sont dans la petite communication politicienne pour amuser la galerie et se donner en spectacle aux médias complaisants qui ont l’occasion de meubler des programmes(pour les télés et les radios) rachitiques et essayer de faire de l’audience.
L’Etat qui est partie civile dans cette affaire l’est depuis le début et personne n’a jamais contesté cela. La mairie de Dakar ne l’est pas et n’a jamais cherché à l’être. Et pour cause, c’est le maire lui-même qui est accusé et qui, à travers ses auditions n’a pas nié avoir disposé des sommes alléguées. Sa défense est qu’il « s’agit de fonds politiques et qu’il en a été ainsi depuis Lamine Guèye, c’est à dire des décennies et des décennies ». Comme si un acte délictuel se bonifiait en légalité, si on peut dire, comme il en est du vin ?
Si tel était le cas, pourquoi alors avoir établi des fausses factures pour « justifier » les décaissement au niveau de la caisse d’avance ? Faut-il rappeler qu’il recevait des mains de son DAF(directeur administratif et financier) la somme de 1 million de francs CFA par jour ; ce qui fait 30 millions par mois, avec un treizième mois qui serait, peut-être un bonus. Ces faits n’ont pas encore été démentis par qui que ce soit.
Il s’y ajoute que l’alibi selon lequel « l’argent servait à acheter du riz et du mil pour les nécessiteux » n’a pas tenu une seconde car les personnes responsables des dépôts de la mairie ont déclaré n’avoir jamais réceptionné un seul sac de riz ou de mil.
Par ailleurs le gérant du GIE TABAR(groupement d’intérêt économique), vendeur de café Touba de son état n’a jamais autorisé l’utilisation des papier à entête de sa société pour établir les fausse facture. C’est sa sœur employée de la mairie de Dakar qui subtilisait les documents pour les mettre à la disposition de la mairie de Dakar. La sœur a reconnu ses actes sur procès-verbal.
Voilà les faits qui vont être débattus au tribunal, tôt ou tard. À l’évidence, ils sont assommants de clarté.
On comprend que les avocats ne veuillent surtout pas du débat de fond qui va certainement limiter leurs bavardages habillés en « points techniques ». La défense du maire de Dakar ne veut pas du procès, hier comme aujourd’hui. Elle continue donc à se creuser les méninges pour le dérailler.
La trouvaille de demander la constitution de la mairie comme partie civile participe de cette défense paradoxale qui n’en est pas une. Car, une fois évacuée les questions de procédure, il va bien falloir opposer arguments contre arguments et expliquer aux citoyens sénégalais pourquoi Khalifa Sall a encaissé ces 1 milliard 800 millions de FCFA ?
Le dilatoire ne peut durer advitam eternam et le juge va devoir trancher cette affaire de « constitution de partie civile » qui n’a ni tête ni queue car l’un des avocats a vendu la mèche en déclarant qu’il n’y a pas « détournement de deniers publics car l’argent de la mairie n’est pas de l’argent public ». Cet avocat qui brille par son manque de finesse dans l’analyse et qui compense cela par une attitude tapageuse révèle donc le stratagème de la défense : « si la mairie est reconnue partie civile, elle va dédouaner le maire en déclarant qu’elle n’avait subi aucun préjudice ». C’est grossier mais acculés les avocats perdent pied rationnellement. La vérité est qu’on ne peut pas défendre l’indéfendable.
Ce procès n’est pas politique. Il s’agit d’une affaire de détournement de deniers publics. Les opposants qui sont dans le désarroi essaient de l’exploiter politiquement et pensent trouver une tribune pour semer la confusion dans la tête des citoyens. La « défense paradoxale » est une fuite en avant et un aveu d’impuissance.
Le procès est en cours et ira à son terme. Le juge est un homme qui assume ses responsabilités en toute conscience et dans le respect de la loi. Les avocats de la défense et ceux de l’Etat ont leur partition à jouer dans la rigueur et la sérénité.
Il est curieux que des avocats qui clament l’innocence de leur client ne soient pas pressés d’en découdre, avec la parquet, sur le fond du dossier à savoir l’argent détourné, les modalités du détournement, les explications données par les personnes mises en cause pour en finir et faire sortir de prison leur client rapidement ?
Khalifa Sall est bien la tête d’affiche mais 5 autres personnes sont inculpées avec lui et sont présentes dans le box des accusés.
Depuis le début de cette affaire les avocats de la défense ont multiplié les errements par incompétence : pourquoi ne pas avoir payé la caution dès les premiers moments après l’arrestation des prévenus ? Pourquoi ne pas avoir amené de l’argent cash pour la caution au lieu de biens matériels ? Les « amis » de Khalifa Sall auraient pu aider à mobiliser l’argent.
Les avocats ont raté le coche et cherchent à rattraper le temps perdu…par eux-mêmes. Le vin est tiré(ou le bissap) et il n’y a plus d’échappatoire.