139 détenus ont quitté, hier dimanche, la prison de Koro-Toro, située dans le désert tchadien, à 600 km au Nord de Ndjaména. Leur libération intervient après les audiences tenues, à huis clos, fin novembre et début décembre des manifestants du 20 octobre dernier, qui protestaient contre la prolongation de la transition dirigée par Mahamat Idriss Déby. 59 parmi ces prisonniers ont été relaxés pour infractions non constituées, alors que les 80 autres ont été condamnés avec sursis. 265 autres personnes restent encore détenues dans cette même prison.
Les 139 prisonniers ont été acheminés, hier, au ministère de la Justice du Tchad, à Ndjaména, à bord de deux grands camions. Ils étaient chaudement vêtus dans des habits qui leur avaient été remis par la Croix rouge, à cause du grand froid qui sévit dans le désert tchadien où la prison de Koro-Toro est érigée, loin de la capitale.
Le régisseur pénitencier procède alors à l’appel des désormais ex-détenus dans la Cour du ministère de la Justice. Quelques familles sont venues accueillir les prisonniers, mais la plupart sont rentrés seuls chez eux par leurs propres moyens.
Le deuxième substitut du procureur de la République près le tribunal de Ndjaména, Mahamat Allamine Al-Rachid a expliqué que leur libération intervient après les décisions rendues par le tribunal de grande instance de Ndjaména.
Tous les 139 prisonniers étaient munis de leur ordre de liberté définitive et sont donc libres de rentrer dans leurs familles.
Toutefois, 265 personnes restent toujours détenues dans cette prison de Koro Toro. Le Conseil de l’ordre des avocats a demandé qu’elles soient ramenées à Ndjaména pour la procédure en appel.
Pour rappel, à l’issue du procès, des peines de deux à trois ans de prison ferme ont été prononcées pour 262 des manifestants arrêtés.
La répression des manifestations du 20 octobre dernier avait fait une cinquantaine de morts, selon les autorités. Plus d’une centaine de blessés et plusieurs disparus, selon des ONG. 401 personnes étaient jugées lors de ce procès tenu sans avocats ni médias indépendants.
Le procès a duré quatre jours et s’est achevé le vendredi 2 décembre, mais le procureur n’avait rendu public le jugement que trois jours plus tard, à son retour à Ndjamena.