Machiavel invite à considérer « la réalité effective de la chose » et les marxistes-léninistes à faire « l’analyse concrète de la réalité concrète ».
La question du Sahara Occidental ne peut y échapper. Sa genèse et son évolution s’inscrivent dans un contexte spécifique qui ne peut être ni nié ni oublié.

Naissance de la question sahraouie : une nouvelle donne

Le départ des colonialistes espagnols en 1975 puis l’acte historique posé par le roi Hassan II avec l’épopée de la Marche verte ont imposé une réalité multidimensionnelle politique, sociale, économique et démographique qui a créé une nouvelle donne dans cette partie du continent africain.

Quarante après, c’est bien cette nouvelle réalité consolidée qui s’impose à tous, aussi bien au niveau de l’analyse que de la recherche d’une solution politique pertinente, défendable et acceptable.

Le projet de référendum proposé par l’ONU il y a 25 ans n’est plus être d’actualité tant il se heurte à des obstacles infranchissables, notamment démographiques. Comment déterminer un corps électoral représentatif ? Comment tenir compte de l’évolution démographique naturelle avec les décès et les naissances, les mariages, les mouvements de populations multiples, les questions complexes liées à l’état civil ?

Le Maroc : proposer une décentralisation forte

Le simple bon sens écarte ce scénario gros de tensions inutiles. Quarante ans impriment une marque indélébile, une intégration indéniable, des progrès économiques, sociaux et culturels visibles à l’œil nu que confirment les enquêtes sur le terrain.
Ce n’est pas le fait accompli. C’est la réalisation de l’Histoire. Et il en a toujours été ainsi dans toutes les sociétés humaines.

La perspicacité politique dicte de s’adapter au réel et d’essayer de trouver un compromis dynamique nonobstant les sujets qui fâchent. Le temps a fait son œuvre et la proposition marocaine d’une décentralisation forte ouverte sur l’autonomisation est constructive. Elle mérite d’être étudiée sans dogmatisme.

De ce point de vue ce n’est pas le Polisario qui pose problème, mais l’Algérie qui freine des quatre fers pour perpétuer une situation artificielle qui pollue tout le Maghreb et toute l’Afrique.

Faire preuve de réalisme

Le retrait du royaume chérifien de l’OUA devenue UA est une véritable catastrophe politique et diplomatique pour le continent africain. Au vu du poids politique et diplomatique du Maroc, de sa puissance économique, de son influence dans le monde et de son rayonnement culturel, c’est une faute politique gravissime qui ternit à jamais l’image d’Edem Kodjo,alors secrétaire général de l’OUA et de tous ceux qui avaient manigancé la reconnaissance de la RASD.

Aujourd’hui le moment est venu de remettre les pendules à l’heure en choisissant le seul chemin qui vaille, celui du réalisme.

Il faut espérer que Ban Ki Moon qui a pris son bâton de pèlerin pour faire bouger les choses soit animé d’un tel esprit, et non pas d’une volonté de créer seulement le buzz.

Convaincre Alger et le Polisario

La solution passera par Alger qui doit revenir à la raison politique et faire changer d’attitude au Polisario.

Le problème est que le leadership politique à Alger est en transition. Le moment ne semble donc pas favorable. Mais on ne sait jamais.

Ban Ki Moon a engrangé beaucoup d’expérience. Il veut laisser sa marque et figurer en bonne place dans les livres d’histoire. Il sait ce qu’il lui reste à faire : convaincre Alger et le Polisario.

I.

 

 

Crédit image : Carte des murs du Sahara occidental par Roke – Travail : M0tty (talk) derivative et Robot8A (talk), CC BY-SA 3.0