Les principaux leaders de l’opposition nigérienne éliminés lors du premier tour de l’élection présidentielle ont demandé la libération de Hama Amadou, candidat qualifié pour faire face au président sortant Mahamadou Issoufou au deuxième tour.
Rendez-vous raté avec a démocratie
Mais où sont les défenseurs de la démocratie ? Où sont l’ONU, l’UA, l’UE, Amnesty International, les Etats-Unis d’Amérique, la Fédération internationale des Droits de l’Homme ? Cette question mérite d’être posée au vu de la situation inqualifiable qui prévaut au Niger où un candidat à la présidentielle en course pour le second tour reste incarcéré pendant que son rival, président sortant, a non seulement toute liberté de faire campagne mais utilise les moyens de l’Etat sans gêne.
La volonté du président ISSOUFOU d’éliminer coûte que coûte son rival le plus sérieux Hama Amadou le discrédite totalement et avec lui tout le processus électoral en cours. Une démocratie hémiplégique n’en est pas une, et le Niger qui se place parmi les pays les plus pauvres de la planète est en train de rater un rendez-vous historique avec la démocratie. Ce du fait de l’obsession d’un président prêt à tout pour conserver son poste, même s’il a dû reculer face à la détermination des opposants en acceptant un deuxième tour alors qu’il avait affirmé urbi et orbi qu’il allait s’imposer dès le premier.
Grave atteinte aux Droits de l’Homme
La peur de voir un soulèvement populaire se déclencher l’a certainement dissuadé de commettre un hold-up électoral qui serait trop flagrant. Avec plus de 48 % des suffrages revendiqués, il se met à l’abri de toute surprise. Rien n’est vraiment néanmoins garanti, et le président sortant refuse de laisser son adversaire sortir de prison et faire campagne. Cela est beaucoup plus rassurant pour lui car Hama Amadou dans la mesure où Hama Amadou a réussi l’exploit tout en étant incarcéré et donc empêché de faire campagne de se qualifier au deuxième tour.
Mahamadou Issoufou n’oublie pas qu’en 2011 c’est le ralliement de Hama qui lui avait permis de gagner au second tour. Il est donc conscient de la représentativité populaire de son ex-allié et cherche à l’écarter de tout contact avec les électeurs.
L’atteinte aux droits de l’homme, à la liberté et à la démocratie est ici grave.
Un précédent dangereux ?
De quoi a encore peur le président Issoufou avec plus de 48 % des voix ? Le score est logiquement irratrapable s’il est authentique et reflète réellement le vote des citoyens.
On peut avoir un doute et celui–ci va entacher de manière indélébile le scrutin si jamais Hama Amadou n’est pas libéré pour pouvoir défendre ses chances dans l’arène politique. Il s’y ajoute que le régime nigérien crée un précédent dangereux qui pourrait donner des idées à d’autres drogués du pouvoir qui n’envisagent pas une seconde d’être battus.
Raison pour laquelle toute la communauté internationale doit faire pression sur le régime nigérien pour tout simplement lui faire entendre raison.
La voix de la France est importante. Elle susciterait beaucoup d’espoir chez les démocrates africains.
L’opposition représentative derrière Hama
Evidemment s’il s’agit de pour répéter la déclaration de François Hollande sur le référendum au Congo-Brazzaville, Paris fera mieux de aphone. Mais il sera retenu que la France a laissé faire et qu’il ne faut pas compter sur elle pour défendre la démocratie. Ce ne serait pas un fait très glorieux pour le pays des Droits de l’Homme.
A noter que Seyni Oumarou, le candidat arrivé troisième avec plus de 12 % des voix a rendu visite à Hama Amadou dans sa prison et a interpellé publiquement Issoufou pour qu’il le libère afin que le combat du deuxième tour soit loyal. Il était accompagné par Mahamane Ousmane, ancien président arrivé quatrième avec plus de 6 % des suffrages.
C’est bien l’opposition la plus représentative qui soutient Hama Amadou qui se considère comme un détenu politique.
Les avocats du désormais célèbre prisonnier ont déposé une demande liberté provisoire. Wait and see.