Un cabinet d’avocats mandaté par quatre familles de victimes et la coalition FNDC, a saisi le Procureur de la République auprès du tribunal judiciaire de Paris d’une plainte déposée, le 8 septembre dernier en France, contre le chef de la junte militaire en Guinée, le colonel Mamady Doumbouya. Le président de la transition guinéenne est accusé de complicité d’homicides volontaires et complicité de torture dans le cadre de la répression des manifestations contre la junte, en juillet et août derniers, qui avaient causé au moins 8 morts.
Dans le dossier, les avocats ont compilé des articles de presse, des déclarations et des rapports d’ONG dont un du Font national de défense de la constitution (FNDC). Les robes noires sont convaincues que le colonel Mamady Doumbouya a joué un rôle central dans la répression de ces manifestations sanglantes. Ils dénoncent aussi des cas de torture orchestrés par la junte militaire en place.
Selon les avocats, la justice française est compétente, parce que Mamady Doumbouya, aujourd’hui chef du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), aurait la nationalité française. L’actuel président de la transition guinéenne aurait demandé la nationalité française, plusieurs années après avoir quitté la légion étrangère en 2009. L’information serait d’ailleurs confirmée par des proches de l’ancien patron des forces spéciales guinéennes, qui a mené le coup d’Etat du 5 septembre 2021 contre Alpha Condé.
Même si cela parait assez difficile, les avocats espèrent une collaboration de la justice guinéenne dans cette affaire et attendent que le Procureur de Paris ouvre une enquête préliminaire. Ils comptent ainsi porter des éléments d’information aux juridictions françaises et mettre également les familles des victimes à la disposition de la justice française pour des témoignages.
Les avocats doutent, en effet, de poursuites contre le président Doumbouya en Guinée, tout simplement parce que cette justice n’est pas indépendante. Par ailleurs, soulignent-ils dans leur plainte, Mamady Doubouya ne saurait se prévaloir d’une quelconque immunité, lui qui a pris le pouvoir après un coup d’Etat et qui n’a donc aucune légitimité en tant que président de l’Etat guinéen.