Le président nigérien Mohamed Bazoum, a estimé hier mardi, que les pays africains étaient « punis » par les décisions de pays occidentaux visant à mettre fin au financement de projets liés aux énergies fossiles dès cette année.
« Nous allons continuer à nous battre, nous avons des ressources fossiles qui doivent être exploitées», a-t-il plaidé à Abidjan, en clôture de l’Africa CEO Forum, un sommet économique réunissant 1500 chefs d’entreprises et décideurs politiques.
Fin mai, les pays du G7 se sont notamment engagés à mettre fin à tout financement international des projets liés aux énergies fossiles, sans technique de capture de carbone dès cette année. Une vingtaine de pays avaient déjà signé une déclaration en ce sens en novembre dernier, lors de la COP 26 à Glasgow.
« A un moment, des sociétés avaient envisagé d’exploiter le charbon du Niger. Mais avec ces mesures, il n’y a aucune banque qui est prête à s’engager, nous sommes punis », a lancé Bazoum.
« Qu’on permette au continent africain d’exploiter ses ressources naturelles ! Il est quand même inconcevable que ceux qui ont exploité pendant plus d’un siècle le pétrole et ses dérivés, empêchent les pays africains de valoriser leurs ressources », a renchéri son homologue sénégalais Macky Sall à ses côtés.
Ce dernier a espéré que la COP 27 qui se tiendra à Charm el-Cheikh du 7 au 18 novembre permettra d’obtenir « un accord équilibré qui tienne compte de la réalité africaine ». La question de la sécurité alimentaire a également été abordée, à l’heure où l’Afrique craint une pénurie de plusieurs produits comme le blé importé de Russie, en raison de la guerre en Ukraine.
« L’Afrique doit pouvoir obtenir de tous ses partenaires, en particulier de l’Ouest qu’on trouve un mécanisme – comme l’Europe l’a fait pour le gaz – qui nous permette de continuer à importer des engrais et du blé de Russie sans difficulté de paiement», a plaidé Macky Sall.
« Si nous n’avons pas les engrais, pour nos céréales locales qui sont importantes dans notre régime alimentaire, nous serons exposés à un risque de famine réelle», a-t-il prévenu, estimant que l’Afrique était une « victime collatérale » du conflit.
Avant même la guerre en Ukraine, l’insécurité alimentaire s’était accentuée dans le monde en raison des conflits, des crises climatiques et économiques. Mais le conflit russo-ukrainien a aggravé la crise, les deux pays assurant à eux seuls 30% du commerce mondial de blé.