CEDEAO

Dans un communiqué lu à la télévision nationale (RTG), mardi soir, les autorités de la transition guinéenne ont opposé une fin de non-recevoir à la demande du Haut-commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, qui avait exhorté, lundi dernier, la junte militaire de rétablir le droit de manifester dans le pays. Le 13 mai dernier, les militaires avaient annoncé l’interdiction «jusqu’aux périodes de campagne électorale », de toute manifestation sur la voie publique de nature à compromettre la quiétude sociale et l’exécution correcte des activités », pendant les trois ans que dureront la transition, avant un éventuel retour à l’ordre constitutionnel.

Dans sa note, la junte indique que « le CNRD et son président (le colonel Mamadi Doumbouya), réitèrent qu’aucune marche ne sera autorisée aussi longtemps que les garanties d’encadrement ne seront pas réunies ».

La junte rappelle, dans son communiqué, que la Guinée a connu sous la présidence d’Alpha Condé un très grand nombre de manifestations qui ont fait, selon elle, des centaines de morts. Ainsi, les militaires soulignent que depuis leur prise du pouvoir, après le coup d’Etat du 5 septembre dernier, ils ont mis en place des organes permettant le dialogue, notamment le Conseil national de la transition, qui fait office de Parlement.

A cet effet, indique la junte, « les contradictions et les incompréhensions peuvent être débattues en toute sérénité » au sein de ces organes.

« En conséquence, rien ne saurait justifier les marches en cette période sensible de la vie nationale où les Guinéens ont (recommencé) à se parler en frères », affirme le communiqué.

 

Un communiqué qui a encore provoqué la colère  de la classe politique et de la société civile, qui dénoncent la répression des libertés et l’instrumentalisation de la justice par la junte militaire.

Le Front national de défense de la Constitution (FNDC), l’Alliance nationale pour l’alternance démocratique ou encore le G58, un regroupement d’une soixantaine de partis politiques, ont dénoncé dernièrement l’absence de dialogue entre les militaires et la classe politique, concernant notamment la question de la transition.

Ces organisations politiques et de la société civile qui accusent les militaires de vouloir s’éterniser au pouvoir, ont d’ores et déjà indiqué qu’elles sont prêtes à braver cette interdiction de manifester. Ces organisations sont déjà en concertation pour amener la junte à assouplir sa position.

La situation en Guinée devrait figurer en bonne place parmi les grands sujets du Sommet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, samedi prochain à Accra.