« Qui parle se dévoile » dit le wolof. Et, par les temps qui courent Wade parle trop. Pour dire souvent beaucoup de bêtises alors qu’il ferait mieux de se taire.
Mais c’est à la fois le naufrage de la vieillesse et les griffes du remord qui lui font ouvrir la bouche cette fois quand il affirme qu’il est conscient qu’il a « commis beaucoup de pêchés ». Tout de suite, il ajoute que « Dieu va lui pardonner ». Rien n’est moins sûr ! L’affaire Me Babacar Seye est un crime et Dieu en jugera de manière ultime.
Il y a aussi la trahison envers Kadhafi lorsque Wade, transporté par un avion français, a interpelé le guide de la Jamahiriya depuis Bengazi pour lui demander de quitter le pouvoir. Pourquoi lui qui avait bénéficié de tant de largesses de Kadhafi a-t-il jugé bon de lui tourner le dos en pleine tempête ? Et de servir de pion aux occidentaux pour porter l’estocade verbale a Kadhafi ?
L’objectif numéro 1 était de positionner son fils chéri Karim qui aura le droit, pour la première et la dernière fois, de serrer la main de Obama, grâce à l’entremise de Sarkozy. C’était en direct à la télévision. Cette poignée de main, certes furtive, devait propulser son dauphin de fils dans la cour des grands et lui baliser le chemin de la succession.
Malheureusement pour les Wade, le Sénégal des monarchies avait pris fin depuis longtemps. Et si, un jour il devait être ressuscité, les héritiers des Damel, des Brack, des Teigne et autres Bour sont encore là et ne laisseront pas des usurpateurs leur brûler la politesse. Et, surtout la démocratie s’est tellement bien enracinée dans le pays que tout retour en arrière est impossible.
Le 23 juin 2011 Wade l’a appris à ses dépens et a tourné casaque dans sa tentative folle de dévolution monarchique du pouvoir. Le curieux est que d’aucuns font effort d’amnésie pour oublier cet épisode peu glorieux de la présidence Wade dont il a marqué le début de la fin.
Wade qui parle beaucoup trop a cependant la mémoire sélective. Mais Birago Diop le célèbre conteur nous avait prévenus : « quand la mémoire va ramasser du bois mort ; elle ramène le fagot qui lui plaît ». Wade n’aime pas se rappeler du 23 juin 2011 et, encore moins du 25 mars 2012, date de sa chute définitive.
Depuis, comme Don Quichotte il poursuit des moulins à vent et bombarde de ses propos venimeux son tombeur. En oubliant –encore un oubli bien senti- toutes les manigances qu’il a tentées pour l’humilier, allant même jusqu’à l’accuser de tous les pêchés d’Égypte. Mais cela Wade ne veut pas se le rappeler. Pourtant cela allonge singulièrement la liste de ses pêchés qui dépasse largement les 7 pêchés capitaux.
Aujourd’hui à 93 ou 95 ans, Wade cout derrière l’illusion d’un retour au pouvoir par Karim interposé. Avec un PDS verrouillé et une opposition sans leader, il va tout faire pour empêcher toute tentative de choisir un autre candidat à la présidentielle de 2019 que son fils. Même s’il sait parfaitement que ce dernier est écarté par le Droit et la Loi de faire acte de candidature. Pour Wade c’est lui ou personne.
Les partisans de Khalifa Sall ou de Tartampion doivent le savoir. Et du reste Wade a raison d’oublier le maire de Dakar qui a torpillé son projet d’unifier l’opposition autour de sa personne lors des législatives.
Certains de ses lieutenants qui vocifèrent semblent oublier que Wade a refusé de venir présider la session d’installation de la 13 ème législature en tant que doyen d’âge. Pour une fois sa décision était pertinente car il n’aurait pu rien faire et, s’il avait essayé ; il aurait été remis à sa place.
Wade n’est certes pas toujours lucide dans ses actes mais sait toujours ne pas franchir le Rubicon du coup de force. Maintenant qu’il est dans l’opposition ! Wade semble faire acte de contrition mais ses confessions ne sont pas sincères.
L’oubli du pêché capital de la trahison de Kadhafi doit hanter ses nuits. Mais il y en a beaucoup d’autres. On peut comprendre qu’au réveil, après des nuits successives de cauchemars, Wade veuille soulager sa conscience et éloigner les démons qui colonisent son esprit. Hélas pour lui, il faudra beaucoup plus car le mal qui le ronge est très profond.