Cela fait un mois que l’ancien président de la Guinée a quitté le pays pour les Emirats Arabes Unis, officiellement pour des soins médicaux. Alors que son retour à Conakry est guetté aussi bien par ses sympathisants que par ses détracteurs, aucune communication n’a été faite par la junte au pouvoir sur la date de retour de l’ancien président, renversé le 5 septembre dernier.
Le chef de la junte militaire et président de la transition guinéenne, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya avait annoncé, il y a un peu plus d’un mois qu’il accordait à l’ancien président, Alpha Condé, l’autorisation de quitter le pays pour des soins médicaux aux Emirats Unis à titre humanitaire et conformément au souhait de la Cédéao.
Un séjour qui, avait-il dit, devait durer un mois. Seulement, ce délai imparti est maintenant dépassé et aucune communication n’a été faite par les nouvelles autorités guinéennes sur une éventuelle date de retour de l’ancien président.
Aucune information n’a été donnée par les nouvelles autorités sur le séjour médical de l’ex chef de l’Etat. Le flou est total aussi bien du côté des proches et conseillers d’Alpha Condé, de son parti et de la classe politique guinéenne. De quoi pousser le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), l’organisation qui s’était opposée au troisième mandat d’Alpha Condé, à monter au créneau pour demander des explications à la junte au pouvoir.
Cette plateforme qui regroupe des responsables de la société civile et des partis politiques, redoute, en effet, que ce voyage ne soit une porte de sortie pour un exil doré de l’ex chef d’Etat.
« Le CNRD garde le silence dans l’opacité absolue de la présence de monsieur Alpha Condé hors du pays. Le CNRD a l’obligation de communiquer sur le séjour de monsieur Alpha Condé », s’est, en effet, insurgé Ibrahima Diallo, le responsable des opérations du FNDC sur RFI.
Il a rappelé que l’ancien chef de l’État a ‘’des dossiers en justice’’. « Nous avons enregistré 99 citoyens assassinés pendant la lutte contre le troisième mandat et monsieur Alpha Condé est cité à comparaître devant les juridictions, pour répondre de ses actes pendant son règne », a-t-il, en effet, relevé.
« Nous n’accepterons pas que le CNRD accorde un exil doré à monsieur Alpha Condé hors du pays, pour lui garantir une impunité totale. Ça, nous ne l’accepterons pas et nous demandons au CNRD de communiquer sur la date de son retour au pays, pour qu’il puisse faire face à la justice », a-t-il martelé.
Alpha Condé avait quitté la Guinée le lundi 18 janvier dernier en direction des Emirats Arabes Unis. Longtemps gardé par la junte après le coup d’Etat, dans un lieu tenu secret, il avait été ensuite autorisé à rejoindre le domicile privé de son épouse, à Conakry, le 29 novembre 2021.