Mieux vaut tard que jamais ! Le secrétaire général de l’ONU est dans la capitale du Burundi pour jouer les sapeurs-pompiers dans un pays en proie à une violence terrifiante qui a déjà fait des centaines de morts et transformé le pays en enfer.
L’ONU au secours de l’UA
L’Union Africaine (UA) lors de son 26ème sommet avait préféré regarder ailleurs en rétropédalant honteusement sur sa décision d’envoyer 5000 soldats de la paix sur place. La vérité oblige de préciser que ce sont les chefs d’Etat qui ont fait machine arrière pour se protéger eux-mêmes d’éventuelles actions d’ingérence chez eux au cas où.
L’ONU qui avait envoyé une délégation dans la capitale burundaise prend donc le relais d’une UA défaillante pour essayer de sauver le pays d’un génocide.
Soutien de la Communauté internationale et Dialogue national
Arrivé sous les coups de feu, Ban Ki Moon fait preuve de courage et assume son rôle de patron de la diplomatie planétaire. Il apporte aux Burundais le soutien tant attendu de la communauté internationale.
L’énigmatique et autoritaire président Nkurunziza a annoncé dans la foulée qu’il va engager un dialogue national. Il faut espérer qu’il joigne les actes à la parole pour dessérer l’étau de la répression sanglante en acceptant de discuter avec les opposants. Si la visite du Secrétaire général de l’ONU aboutissait à un tel déclic, elle serait un très grand succès politique et diplomatique.
Malheureusement le simple bon sens pousse à se méfier des engagements d’un homme insaisissable et qui s’accroche au pouvoir contre vents et marées.
Nkurunziza illisible
Ayant échappé à un coup d’Etat sanglant, Nkurunziza est devenu plus féroce. A-t-il conscience de son isolement et du chaos dans lequel il enfonce son pays ?
Le problème est que le président burundais a un comportement incohérent qui ne permet pas d’anticiper sur la logique de sa démarche politique et personnelle.
Il est évident que l’homme est un « pouvoiriste endurci » qui n’a reculé devant rien jusqu’ici pour conserver son pouvoir. Les massacres quotidiens, l’insécurité généralisée, le sceptre du génocide… Rien ne l’a poussé à mettre de l’eau dans son vin. C’est pourquoi la déclaration qu’il vient de faire affirmant qu’il va favoriser le dialogue national ne peut être prise pour argent comptant.
Nkurunziza va être jugé à ses actes et la communauté internationale doit maintenir la pression sur lui et son gouvernement.
Ban Ki Moon : dernier espoir
L’initiative onusienne constitue le dernier espoir pour éviter un génocide au Burundi et l’engagement militaire du voisin rwandais qui ne laissera pas les Tutsis burundais se faire massacrer sans essayer de leur apporter assistance. Des accusations sont déjà faites contre le Rwanda qui serait derrière certaines opérations sur le territoire burundais. Même si cela reste à prouver, la géopolitique régionale permet de comprendre une éventuelle implication de Kigali. Le président rwandais Paul Kagamé est tutsi et n’acceptera pas que ses frères burundais puissent subir un génocide comme celui qui les avait décimés dans son propre pays il y a plus de deux décennies.
La brutalité de Nkurunziza est en train de transformer la région en pétaudière.
L’ONU est le recours de la dernière chance pour éviter l’embrasement. Le sapeur-pompier Ban Ki Moon est donc en mission d’urgence. Les seules déclarations du président burundais ne devraient pas lui suffire. Mais peut-il exiger plus, à savoir des actes concrets ?
Affaire à suivre…