Dans un long entretien qu’il a accordé à RFI, le Colonel Mamady Doumbouya a évoqué le sort de l’ancien président, Alpha Condé, renversé le 5 septembre dernier et dont les institutions internationales réclament la libération. L’ex chef d’Etat, toujours détenu dans un lieu tenu secret, pourrait avoir à répondre devant la justice, selon le chef de la junte. Le président de la Transition de Guinée est également revenu sur les sanctions de la Cédéao. Il s’est, une fois de plus, gardé de donner une durée de la transition et de fixer une date pour les nouvelles élections. Des prérogatives dévolues au Conseil national de la transition, à l’en croire.
Alpha Condé pourrait bien faire face à la justice guinéenne en lieu et place d’un exil doré quelque part dans le monde. C’est ce qu’a déclaré le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, répondant à la question de savoir quand l’ex chef de l’Etatsera-t-il libéré. « Je ne suis pas un justicier. Je suis le président de la Transition. Et aujourd’hui, vous avez une ministre de la Justice qui s’occupera de toutes les situations de justice », a-t-il dit.
Sur l’éventualité de gracier, l’ex président guinéen, MamadyDoumbouya répond : « c’est tout ce qui nous a amené dans toutes ces déstabilisations, dans tous ces problèmes qu’on a, c’est la personnalisation de la chose publique. Je ne ferai pas le travail de la justice. Je suis président de la Transition et non ministre de la Justice. Donc, la justice guinéenne aura toute son indépendance. Elle aura aussi tout mon accompagnement pour que ce peuple assoiffé de justice puisse vraiment se retrouver ».
Se prononçant sur les sanctions de la Cédéao contre la Guinée et les membres de la junte, sur la durée de la transition et la date de nouvelles élections, le nouvel homme fort de Conakry, estime que « la Cédéao est dans son rôle » et comprend que l’institution puisse avoir « de la fermeté » contre « les prises de pouvoir par l’armée ».
La durée de la transition et la date des élections seront fixées par le CNT
Toutefois, indique-t-il, « nous ne sommes pas des politiques. Nous venons tout simplement rendre le pouvoir au peuple de Guinée, à travers le Conseil national de transition » qui est «l’organe législatif qui pourra décider du chronogramme, c’est-à-dire faire le point, le diagnostic, à savoir les problèmes qu’on a, et comment trouver des remèdes à ces problèmes-là ».
Sur la nomination d’un envoyé spécial de la Cédao, en la personne du Ghanéen Mohamed Ibn Chambas, il affirme que « la Guinée n’est pas en crise. Nous avons mis fin à la crise sociopolitique de la République de Guinée depuis le 5 septembre…Aujourd’hui, on n’est pas en conflit. Il n’y a pas de crise en Guinée. Nous n’avons pas besoin d’émissaire. Nous avons juste besoin de moyens techniques, de l’accompagnement technique. La Cédéao a des représentations ici. Toutes les organisations ont une représentation en Guinée. Donc, ces hommes, après, vont nous servir de cordon ombilical avec la Cédéao, avec l’OIF, avec toutes les organisations… ».
Quid de la date des prochaines élections en Guinée et son éventuelle candidature, Mamady Doumbouya réitère que « ni moi, ni aucun membre de cette transition, ne sera candidat à quoi que ce soit. Nous allons mener la transition à bon port avec tous les Guinéens. Nous allons partir de la base au sommet, par les communales, après les législatives, la présidentielle, pour permettre à ce que le président qui viendra après ne soit pas là à vouloir s’éterniser ; car le peuple n’acceptera plus jamais qu’on personnalise la chose publique. Donc, pour moi, la durée de la transition doit être définie. Le chronogramme de la transition doit l’être aussi par l’organe législatif… »