Décidément la zone des « trois frontières « entre le Mali, le Niger et le Burkina, demeure le lieu, par excellence, des attaques djihadistes les plus meurtrières.
Ciblant, tour à tour, ou en même temps, les forces de sécurité des trois Etats frontaliers.
Ce dimanche (14 novembre), 19 gendarmes et un civil burkinabé y ont perdu la vie, à la suite d’une attaque de grande envergure, menée par des terroristes-djihadistes, à bord de voitures Pick-up et de « motos ».
Ce nouveau camouflet subi par les militaires burkinabé fragilise, encore davantage le régime du président Kaboré, qui depuis son avènement, est devenu le « maillon faible » du G5 Sahel.
Paradoxalement ce constat qui s’est imposé lors de son premier mandat (2015/2020), n’a pas empêché ses concitoyens de lui garder leur confiance et de le réélire pour un second mandat.
Il est vrai que Kaboré a axé sa campagne électorale sur l’impératif de la lutte contre les terroristes qui empoisonnent la vie des burkinabé.
En effet depuis 2015, environ 2000 personnes ont été tuées et près d’un million et demi forcées de quitter leurs localités.
Kaboré qui va fêter, bientôt l’anniversaire de son élection à un deuxième mandat, n’arrive toujours pas à poser des actes forts pour juguler le fléau djihadiste.
Au contraire, son impuissance est en train de révolter ses concitoyens qui ont marché ce week-end pour lui mettre la pression.
La vérité est que le régime burkinabé n’a pas les moyens de faire face. Le pays est très pauvre et son armée est affaiblie depuis la chute du dictateur Blaise Compaoré, en 2014.
Ce dernier avait réussi à trouver des arrangements avec les djihadistes, notamment ceux qui prenaient des otages occidentaux, pour négocier des « accords » et des paiements de rançon qui étaient des secrets de Polichinelle.
Le Burkina n’avait pas besoin dans ce contexte, de préparer ses forces de défense et de sécurité pour faire face aux terroristes.
Compaoré éjecté du pouvoir, la donne a complètement changé.
L’objectif des djihadistes est de conquérir de vastes zones à l’intérieur du territoire burkinabé, pour s’y installer et mener leurs activités criminelles.
C’est ce qu’ils ont réussi à faire au Mali, où les deux tiers du territoire ne sont plus contrôlés par le gouvernement de Bamako.
Le Niger est un peu mieux loti, mais subit des attaques récurrentes aussi, au niveau de la « zone des trois frontières ».
Le redéploiement de la force française BARKHANE a pour objectif, entre autres, de mieux défendre cette zone, particulièrement ciblée par les terroristes.
Cependant, malgré la supériorité aérienne dont dispose les militaires français, ils ne peuvent couvrir l’immensité désertique du Sahel. Question d’effectifs et de matériels, notamment.
Le Burkina est dans une situation désespérée, que le choix qui consiste à recourir à « des volontaires pour la défense de la patrie » ne peut résoudre.
Il faut réorganiser l’armée nationale, mieux former les soldats et les doter de moyens conséquents.
La communauté internationale devrait porter assistance à ce pays qui est un verrou important.
Si le chaos s’y installe, la Côte d’Ivoire sera menacée et c’est la locomotive économique de la sous-région.
Défendre ce « maillon faible », devient ainsi une urgence africaine et internationale. Comme c’est le cas pour l’ensemble du Sahel, où cherchent à s’implanter les djihadistesvaincus et refoulés de Syrie, d’Irak et d’ailleurs.