Comme ce fut le cas avec l’ex-professeur de droit sénégalais, Ibrahima Fall, (choisi par l’UA) que la junte tchadienne a refusé de recevoir, les putschistes guinéens ont aussi écarté Ibn Chambas, nommé « Envoyé spécial » par la CEDEAO.
Le Président de la Transition, Mamady Doumbouya, a adressé une lettre au Président ghanéen, Nana Akufo-Addo, Président en exercice de la CEDEAO, pour préciser qu’il n’y avait aucune crise qui menace le déroulement de la Transition ».
Et donc, la nomination de Chambas n’était pas opportune.
Doumbouya a parfaitement raison, car personne ne conteste le CNRD (Comité national du rassemblement et du développement), qui est plébiscité par les populations et qui, jusqu’ici, mène une action de « salubrité politique », pour débarrasser le pays des hommes et des structures qui ont permis le maintien du régime autoritaire d’Alpha Condé, pendant 10 ans.
La manœuvre de la CEDEAO était grossière et avait pour but de propulser l’organisation au cœur du jeu politique national guinéen.
Faut-il rappeler que cette organisation s’est illustrée par un silence coupable qui a permis à Condé de bafouer l’Etat de Droit et de réprimer les populations qui ont souffert le martyr.
Autant la CEDEAO a été à la hauteur au Mali, face à AssimiGoita, autant elle s’est discréditée en Guinée, par un soutien aveugle à Condé.
Sa décision de fixer un délai de 6 mois pour l’organisation d’élections générales est ridicule ; tout comme l’est, la demande de libération de Condé qui doit faire face à la justice.
La défiance de Doumbouya est justifiée, sa fermeté, aussi.
Mais, il faudra bien élaborer un chronogramme consensuel pour maintenir et renforcer le climat social apaisé qui règne en Guinée.
Et pour cela, il faudra bien que la CEDEAO et Doumbouya se parlent.