L’ex-président Laurent Gbagbo est le nouveau leader du PPA-CI (Parti des peuples africains de Côte d’Ivoire), qu’il vient de porter sur les fonts baptismaux.
Cette nouvelle formation politique lui permet d’oublier le FPI (front populaire ivoirien), que son ex-bras droit Pascal Affi-Nguessan, s’est approprié pendant sa longue absence hors du pays.
Gbagbo fait d’une pierre deux coups, en se débarrassant aussi de son ex-épouse, Simone, avec qui il avait créé et porté à bout de bras le FPI, jusqu’à la conquête du pouvoir.
Les péripéties de la défaite de 2010 et ses « retombées » politiques et judiciaires ont fait éclater le couple.
L’exil imposé par la CPI (10 ans environ), a fini par creuser un fossé infranchissable que la création du PPA approfonditencore, davantage, si on peut dire.
Il faut préciser que la grande majorité des cadres du FPI, des pro-Gbagbo déterminés, l’ont rejoint dans sa nouvelle formation.
Celle-ci, de facto va devenir la troisième force politique du pays et, en toute logique, va porter les ambitions d’un homme qui a tenu à déclarer qu’il fera « de la politique jusqu’à sa mort ».
Avec un éclair de lucidité, il fait remarquer : « à cet âge là, après ce parcours là, la sagesse c’est de se décider à partir. Mais j’ai décidé que je ne partirai pas brusquement ».
Gbagbo va donc grossir les rangs de l’opposition, lui qui dénonce un « recul des libertés démocratiques » et qui avait participé aux législatives, en coalition avec le PDCI de Bédié, l’autre dinosaure de la vie politique ivoirienne qui refuse de prendre sa retraite à 87 ans.
Avec Gbagbo 76 ans, Ouattara 79 ans et Bédié 87 ans, les leaders politiques ivoiriens affichent une longévité remarquable .
Sans limitation par l’âge, ils ont le droit de continuer à prétendre à toutes les fonctions électives, y compris au poste suprême de chef de l’Etat.
Les USA sont, pour ainsi dire, sur cette même longueur d’onde avec Biden, âgé de 78 ans et Trump de 74 ans.
L’âge n’étant pas un « facteur bloquant », reste le programme politique ?
Gbagbo se fait, maintenant l’apôtre du panafricanisme et rejoint le père de la Nation ivoirienne, Houphouet Boigny qui avait créé le RDA (Rassemblement démocratique africain) en 1946 .
Gbagbo s’offusque de l’existence des « micro-Etats africains » qui empêchent le développement du continent. Il fait l’éloge des grands Etats, comme la Chine, les USA, le Canada, etc.
Le Gbagbo, nouveau panafricaniste et opposant, est arrivé. Reste à savoir quel chemin politique il va tracer vers les élections présidentielles de 2025 ?
Il reste encore beaucoup de temps à meubler et l’impératif d’élaborer un programme politique crédible qui prend en compte les réalités actuelles, avec les besoins des nouvelles générations qui ne se laisseront pas endormir par des rêves panafricanistes.
Gbagbo peut-il se réinventer en homme politique du 21 èmesiècle ? Rien n’est moins sûr !
Il est un homme déconnecté, qui a encore de l’influence, mais avec peu d’idées pour faire face à Ouattara, économiste réputé qui, malgré le poids des ans, a une compréhension aiguë des réalités du monde « mondialisé ».
Ce que Gbagbo n’a pas.
Toutefois, l’invitation d’Adama Bictogo du RHDP, qui a assisté à la cérémonie de baptême du nouveau parti, est un bon signe d’apaisement politique.
Ce dernier a estimé que ce nouveau parti allait renforcer la vitalité démocratique de la Côte d’Ivoire.
Il faut le souhaiter, mais, avec les années qui vont s’échelonner, 2025, va approcher et l’esprit de compétition va prendre le dessus.
S’il y a les dinosaures, il y a aussi les jeunes loups aux dents longues dans la forêt politique ivoirienne.
Cela va faire beaucoup d’ambitieux et un seul fauteuil à conquérir !