Les concertations annoncées en Guinée après le coup d’Etat du 5 septembre dernier, ont bien démarré, hier mardi, à Conakry. Les partis politiques, dont celui du président déchu, le RPG, ont été les premiers reçus par le lieutenant-colonel, Mamady Doumbouya et ses hommes. Mais le sort de l’ex chef de l’Etat reste toujours en suspens. Alpha Condé refuse de signer sa démission. Mieux, il demande à la Cédéao de le rétablir dans ses fonctions de président.
Un représentant par parti politique, devait être reçu par la junte. Mais la salle du palais du peuple, à Conakry, a été prise d’assaut par les chefs de parti pour participer à ces rencontres tenues à huis-clos.
Dans un discours retransmis dans la soirée à la télévision nationale, Mamady Doumbouya a martelé que : « Cette démarche ne signifie pas que la porte est ouverte à toutes les basses pratiques politiques », « nous n’accepterons pas de commettre les mêmes erreurs que nos aînés » , « si nous en sommes encore en 2021 à tout reprendre à zéro dans notre pays, c’est en grande partie parce que nous – l’armée – et vous les élites, intellectuels, politiciens, hauts cadres, avons échoué depuis des années. » « C’est parce que nous avons toujours mis devant nos intérêts individuels ou de groupes, au dépend des intérêts de la nation et du peuple de Guinée. Cette erreur ne se reproduira plus ».
Le RPG bien présent
A la suite du chef de la junte, une quinzaine de représentants politiques se sont exprimés, dont Cellou Dalein Diallo de l’UFDG, Sidya Touré de l’UFR, mais également Saloum Cissé de RPG-Arc en ciel, le parti du président renversé Alpha Condé. A signaler que certains chefs de parti dont Étienne Soropogui du parti « Nos valeurs communes », n’ont pu accéder à la salle comble.
Néanmoins, les partis politiques ont été chargés de travailler sur un mémorandum pour faire leurs propositions et préparer la transition pour laquelle aucune date butoir n’a été fixée par la junte.
Condé demande à la Cédéao de le rétablir dans ses fonctions de président
Alors que ces concertations se poursuivent ce mercredi avec l’audience de la société civile, les missions diplomatiques et les organisations des Guinéens de l’étranger, le cas de l’ancien président reste toujours en suspens.
Les tractations se poursuivent, en effet, concernant le sort d’Alpha Condé, toujours détenu par la junte. L’ex président qui a reçu la visite de la délégation de la Cédéao, vendredi dernier, refuse catégoriquement de signer sa démission. Tout au contraire, Alpha Condé aurait demandé à l’organisation sous-régionale de le rétablir dans ses fonctions, selon des responsables de l’organisation cités par RFI.
Pour l’heure, la Cédéao demande simplement la libération de l’ancien président. Une requête pas encore satisfaite par la junte qui craindrait les capacités de nuisance de l’ex-chef de l’Etat. Cela, même si plusieurs chefs d’Etat de la Cédéaoproposent la sortie du territoire d’Alpha Condé pour préserver sa sécurité.
L’ancien président pourrait ainsi rejoindre Brazzaville, où son ami, Denis Sassou-Nguessou serait prêt à l’accueillir. La mission de la Cédéao en aurait déjà informé l’ex chef de l’Etat. De même que de la décision de la Turquie de le recevoir temporairement pour des examens médicaux.
La France serait également prête en à faire de même « pour des soins médicaux, ou pour quoi que ce soit d’autre », selon une source diplomatique citée par le média français.
Toutes ces questions seront certainement discutées demain jeudi 16 septembre, lors d’un nouveau sommet de la Cédéao consacré à la Guinée. Les chefs d’État Ouest-africains étudieront à Accra le rapport de la Mission de vendredi dernier à Conakry.