La CEDEAO se réunit, ce mercredi, pour examiner la situation de la Guinée, après le coup d’Etat qui a mis fin au régime d’Alpha Condé.
Les chefs d’Etat membres de l’organisation sous-régionale ont déjà constaté les actes posés par les militaires qui ont pris le pouvoir à Conakry : ils ont rouvert les frontières, se sont entretenus avec les ministres de Condé, ont exigé qu’ils restent dans le pays, mais sans les arrêter ou les brutaliser.
Ils ont commencé, mardi 7 septembre, à libérer les prisonniers politiques détenus à la suite des protestations légitimes contre les dernières élections présidentielles organisées par Condé.
Ils ont aussi démantelé les « postes mixtes : armée, gendarmerie et police, installés sur les principaux axes de la capitale et en banlieue pour permettre au régime Condé de briser les manifestations populaires.
A l’évidence, les militaires sont rassurants et agissent comme le souhaitent les populations, sorties nombreuses dans les rues, pour les acclamer.
Ce coup d’Etat a tout l’air d’une libération nationale bienvenue et appréciée comme telle, par un peuple révolté par l’autoritarisme de Condé.
A l’heure actuelle, à part le couvre-feu en vigueur, la situation est « normalisée ».
La CEDEAO qui ne peut pas ne pas en tenir compte et, par-delà, les positions de principe qui condamnent les coups d’Etat et réclament le « retour à l’ordre constitutionnel », va examiner la réalité, telle qu’elle est et agir en conséquence.
La compréhension qui a été de mise, vis à vis des putschistes maliens et tchadiens, devrait aussi prévaloir, pour ceux du CNRD guinéen.
Evidemment, on peut penser que les coups de force se multiplient et paraissent tolérés ?
Cela ne peut être la norme, même si, dans les trois cas, les faits objectifs penchent, si on peut dire, du côté des putschistes.
Dans le cas de la Guinée, il y a une démarche marquée du sceau de la lucidité -et qu’il faut saluer- qui est tout à l’honneur de Mamady Doumbouya et de ses camarades.
Ils se comportent jusqu’ici, en libérateurs et ne rencontrent aucune résistance.
Dans l’ensemble du pays, le changement de régime est acté et accepté, les gouverneurs ont été remplacés par des militaires, les préfets aussi.
Et tout se passe sans anicroche !
La CEDEAO va certes rappeler les principes, s’enquérir du sort de Condé et demander une feuille de route qui indiquerait la durée de la « transition ».
Comme au Mali et au Tchad !
Le calme qui règne, écarte logiquement, toute tentation de sanction qui viendrait envenimer un contexte, extraordinairement sans vague.
Ce qui montre d’ailleurs que presque personne ne regrette Condé et ses excès, en tous genres, qui ont causé sa perte.
Maintenant, vu son âge, une solution adaptée devrait être trouvée.
Mais, il y a aussi, les exactions qu’il a commises et qui ont causé des pertes en vies humaines.
Aux guinéens d’inventer une voie spécifique de réconciliation nationale, dans l’intérêt supérieur de la Nation.
Est-ce possible sans justice ? Non !