Alors que la communauté internationale a condamné le putsch en Guinée et demande le rétablissement de l’Etat de droit, la junte au pouvoir déroule sa feuille de route. Le chef des putschistes qui a rencontré les dignitaires du régime d’Alpha Condé déchus, hier lundi, au palais du Peuple, à Conakry, a promis d’installer un gouvernement d’union nationale chargé de conduire une transition politique, dont la durée n’a pas été précisée. Mais déjà, les militaires ont commencé à remplacer les autorités civiles. A Kankan ou à Labé, les premières passations ont été opérées, hier.
Depuis dimanche, la communauté internationale réagit et condamne le coup de force en Guinée, qui a renversé le président Alpha Condé. Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres dit suivre de « très près » la situation dans le pays et a appelé à la libération immédiate du président Alpha Condé.
L’Union africaine a, pour sa part, condamné « toute prise de pouvoir par la force » et a annoncé une réunion du conseil Paix et sécurité de l’organisation pour examiner la situation en Guinée et décider des mesures à prendre.
De son côté, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), a appelé au retour à l’ordre constitutionnel sous peine de sanctions, exigeant le « respect de l’intégrité physique » du chef de l’État guinéen et sa libération immédiate.
L’Union européenne et la France ont aussi lancé le même appel pour un retour à l’ordre constitutionnel.
Vers la mise en place d’un gouvernement de transition, les partenaires étrangers rassurés
Qu’à cela ne tienne, à Conakry, les putschistes déroulent leur feuille de route. Le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya a reçu, hier lundi matin, tous les dignitaires de l’ancien gouvernement et les responsables des institutions.
Les plus hauts responsables du régime d’Alpha Condé étaient présents. Le Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana, le ministre de la Défense Mohamed Diané, le ministre de la Sécurité, le Porte-parole du gouvernement, le président de l’Assemblée nationale, Amadou Damaro Camara et celui de la Cour constitutionnelle, étaient tous là. Plusieurs autres ministres ont également participé à cette réunion, comme le président de la Haute autorité de la communication, Boubacar Yassine Diallo, ou encore le président de la Céni.
Une présence qui signifie la prise en compte du coup d’Etat par ces hauts responsables du régime d’Alpha Condé, aux yeux des putschistes, qui s’assurent ainsi leur allégeance.
Mamady Doumbouya a ensuite reçu les hommes forts de l’ancien gouvernement, et a tenu un discours, promettant la mise en place d’un « gouvernement d’union nationale »,dont la date n’a pas été précisée. « Les Secrétaires généraux des ministères assureront la continuité des services jusqu’à la mise en place du prochain gouvernement », a-t-il précisé. Mais en attendant, les documents de voyage et véhicules de fonction doivent être remis aux autorités.
Affirmant qu’il n’y aura pas « chasse aux sorcières » contre ces derniers, le lieutenant-colonel a demandé aux compagnies minières de poursuivre leurs activités. Il a également annoncé que « les frontières maritimes restent ouvertes pour les activités d’exportation des produits miniers ». Il a aussi « assuré auxpartenaires qu’il respectera toutes ses obligations et rappelle son engagement à favoriser les investissements étrangers dans le pays », précisant que les activités minières et les exportations de produits miniers allaient se poursuivre.
Les premières passations opérées à Kankan et à Labé
Pendant ce temps, à Kankan, fief d’Alpha Condé, dont est également originaire Mamady Doumbouya, la passation a eu lieu entre civils et militaires. Le gouverneur et le préfet ont été remplacés. Selon plusieurs sources, il n’y a eu ni résistance, ni soutien aux nouvelles autorités.
À Labé également, fief de l’UFDG, le parti de l’opposant, Cellou Dalein Diallo, les militairesont remplacé les civils. Mais dans ce fief de l’UFDG, le parti de l’opposant Cellou Dalein Diallo, les habitants n’ont pas caché leur colère contre le gouverneur sortant.
