Le premier ministre reconduit Boun Abdallah Dionne a dévoilé sa nouvelle équipe composée de 39 membres comme la précédente. Elle est marquée par une certaine continuité qui est compréhensible avec la victoire éclatante de la coalition présidentielle(Benno Bokk Yakaar) lors des législatives du 30 juillet. Mais aussi par des changements majeurs à la tête de ministères de premier plan comme les Affaires Etrangères, la Justice, l’Intérieur ou encore la Santé.
Le président Macky Sall a donc décidé de redynamiser l’équipe gouvernementale avec des choix pertinents comme celui de Ismaila Madior Fall à la Justice, de Sidiki Kaba aux Affaires Etrangères et de Aly Ngouille Ndiaye à l’Intérieur.
Fall est un professeur agrégé de droit qui travaille depuis longtemps avec le chef de l’Etat. Il est respecté par ses pairs et va certainement renforcer le dialogue serein entre son département et les différents acteurs évoluant dans le domaine de la justice. Sa compétence reconnue est assurément un atout de taille. Il a le bagage intellectuel nécessaire pour relever le défi dans un département particulièrement sollicité avec le phénomène de la judiciarisation qui marque fortement l’évolution des sociétés modernes africaines. Et qui suscite une couverture médiatique parfois exagérée.
Au département sensible de l’intérieur, l’arrivée de Aly Ngouille Ndiaye, un ingénieur de formation devrait décrisper la situation par rapport à l’opposition qui ciblait, plus que de raison, Abdoulaye Daouda Diallo qui change de portefeuille.
Entamer un travail en profondeur pour identifier les causes des dysfonctionnements notés le 30 juillet pour les corriger est l’une des tâches urgentes du nouveau ministre. Mais aussi poursuivre la distribution des cartes d’identité biométriques et en produire assez pour toute la population. Faut-il rappeler qu’il y a eu 80% de retrait et que c’est remarquable ; tout comme le taux de participation record de près de 54% ?
Aly Ngouille Ndiaye est aussi un homme politique du terroir qui maitrise l’art du dialogue et qui devrait facilement ramener les opposants à la table de discussions. Des élections apaisées en 2019 sont un objectif raisonnable qu’il est parfaitement possible d’atteindre si tout le monde fait preuve de bonne volonté.
Le changement à la tête de la diplomatie sénégalaise, avec l’arrivée de Sidiki Kaba, juriste réputé, ancien leader de la fédération internationale des droits de l’homme consolide l’engagement mondial du Sénégal. Face à des temps incertains un homme comme Kaba peut rassurer et peser d’un grand poids sur la scène planétaire du fait de son parcours et de son carnet d’adresses.
La santé avait besoin d’un électrochoc après quelques couacs regrettables comme la panne de la machine de radiothérapie de l’hôpital le Dantec de Dakar. La réaction gouvernementale a été rapide et efficace(les machines sont entrain d’être montées sur place à Dakar) mais le problème en amont ne pouvait être ignoré. Il ne faut pas s’y tromper cependant Mme Eva Marie Colle Seck a bien travaillé et ses compétences sont avérées.
Ces changements importants ont marqué le remaniement qui consacre aussi le satisfecit adressé par le président Sall à tous les ministres reconduits à leur poste ou à un autre. On ne change pas une équipe qui gagne et le gouvernement sortant a eu des résultats probants consacrés par la victoire aux élections législatives.
Maintenant le cap est fixé pour 2019 et l’élection présidentielle qui sera suivie des municipales. C’est dire que tous les ministres doivent se retrousser les manches et redoubler d’efforts. Tout le monde sera jugé à ses actes au quotidien.
Il n’y a pas d’école pour former spécifiquement les ministres et il n’y a pas de diplôme aussi qui garantit la réussite dans ce domaine. Les diplômes y aident mais l’engagement et l’effort permanents sont plus que nécessaires.