Ce jour qui marque l’anniversaire de la terrible déflagration qui a pulvérisé une bonne partie du port de la capitale libanaise et provoqué la mort de 214 personnes, le Liban revient sur le devant de l’actualité internationale.
Des citoyens désabusés et toujours très remontés contre la « classe politique » du pays ont manifesté et protesté, dans les rues de Beyrouth.
Ils ont raison, car la situation économique et sanitaire continue de se dégrader, sans pousser les politiques à agir pour réformer un système à bout de souffle qui a fini de faire la preuve de son archaïsme et de son inefficacité.
La « démocratie confessionnelle » qui règne au Liban, est la source de toutes les dérives qui gangrènent le pays du cèdre, où les partis politiques couvent des dynasties et/ou potentats indéboulonnables du fait de leur appartenance religieuse et de leur position au niveau de leur communauté confessionnelle.
Puisque le président de la République doit être impérativement chrétien maronite, le Premier ministre, musulman sunnite et le président du Parlement musulman chiite, avec d’autres postes réservés ; la démocratie est cadenassée.
Le président français Emmanuel Macron, qui croyait pouvoir faire bouger les lignes, s’y est cassé les dents.
Aujourd’hui, il dénonce la « stratégie de pourrissement » des politiques, qui s’arc-boutent sur leurs privilèges.
Pourquoi diable, vont-ils écouter Macron et changer de ligne de conduite ?
Ce dernier a dorénavant, mesuré son impuissance -il avait menacé-, en vain.
Il se contente donc d’organiser une troisième conférence pour solliciter des donateurs.
Au moment où ces lignes sont écrites, 370 millions de dollars sont récoltés, dont 100 millions d’euros annoncés par le président français et 100 millions de dollars promis par Joe Biden, qui « réclame des changements ».
Sera-t-il entendu ? On peut parier que non ; ne serait-ce que, parce qu’il y a le parti Hezbollah qui est tellement proche de l’Iran qu’il n’écoutera pas le locataire de la Maison Blanche.
Ce parti chiite est à la fois une force politique et militaire de premier plan au Liban et il est incontournable.
Aucun changement substantiel ne peut se décréter sans son accord.
Les autres forces politiques, sunnite et maronite, mais aussi Druze, ont une vraie capacité de blocage d’un système fondé sur un partage féodal du pouvoir, avec toutes les portes ouvertes favorisant corruption et népotisme.
Le problème est donc un problème structurel qui étouffe la transparence et réduit le système en « fiction démocratique ».
Les Barons politiciens y trouvent leur compte et refusent de couper la branche sur laquelle ils sont assis.
Seule une révolution populaire permettra de changer les choses, de manière radicale.
En attendant, les élites découragées quittent le pays et s’installent à l’étranger et continuent de constater la descente aux enfers du Liban.
Pourtant cette situation qui plonge le Liban dans la déliquescence est une mauvaise nouvelle pour tout le Proche Orient, où l’instabilité est contagieuse, et les rivalités sourdes.
Remettre le Liban sur les rails de la paix sociale est dans l’intérêt de tous, mais seul le peuple libanais pourrait changer la donne, par une mobilisation décisive qui devrait transcender les barrières confessionnelles artificielles.
Les jeunes ont l’opportunité de mener ce combat pour leur futur. Ils doivent prendre le taureau par les cornes et agir sur le terrain.
Le changement est une conquête politique.