A la fin d’un procès qui a débuté le 19 mai dernier au tribunal criminel d’Abidjan (Côte d’Ivoire), le procureur Richard Adou a requis, hier mercredi 16 juin 2021, la perpétuité contre l’ex-Premier ministre et ancien chef rebelle ivoirien, Guillaume Soro, accusé de complot contre le pouvoir, pour « atteinte à la sureté nationale ». Il a aussi réclamé la dissolution du mouvement « Générations et peuples solidaires ».
L’ancien Premier ministre et dix-neuf de ses partisans sont accusés de “complot”, “tentative d’atteinte contre l’autorité de l’État”, ainsi que de “diffusion et publication de nouvelles fausses jetant le discrédit sur les institutions et leur fonctionnement, ayant entraîné une atteinte au moral des populations”, rapporte France 24.
Dans le même temps, vingt ans de prison ont été requis contre Souleymane Kamagaté dit Soul to Soul, ex-chef du protocole de Guillaume Soro. Les mêmes réquisitions ont été prononcées contre son avocate et ancienne ministre Affoussy Bamba, et contre son responsable de la Communication Toure Moussa, tous deux en exil, indique la même source.
Par ailleurs, le Parquet a requis 17 mois de prison ferme pour “troubles à l’ordre public” pour sept militaires, l’ancien ministre Alain Lobognon, considéré comme son bras droit, et Simon Soro, jeune frère de Guillaume Soro.
Souleymane Diallo, l’avocat de la plupart des accusés, a déclaré lors de sa plaidoirie qu’« il y a beaucoup de complots, de parjures, trop de forfaitures dans ce dossier ». Plaidant « la relaxe pure et simple », l’avocat a déclaré que « la dissolution du GPS demandée par le procureur montre le caractère politique du procès. Parce qu’il n’appartient pas au juge pénal de prononcer la dissolution d’une association. Il n’y a pas de complot, pas d’atteinte à l’autorité de l’État », a-t-il martelé. Les accusés ont, quant à eux, nié toutes les charges.
Guillaume Soro (49 ans), ex chef de la rébellion des années 2000, en exil depuis deux ans, est jugé par contumace, ainsi que cinq de ses partisans. En avril 2020, il avait été condamné à 20 ans de prison pour recel de détournement de deniers publics, pour avoir tenté de s’approprier une résidence achetée par l’État pour le loger lorsqu’il était Premier ministre, selon la justice. Une condamnation qui avait d’ailleurs motivé l’invalidation de sa candidature à la présidentielle.
Alors que la Côte d’Ivoire semble vivre une période de dégel politique après l’élection présidentielle d’octobre 2020, avec des discussions entre le pouvoir et les deux principaux partis d’opposition, les libérations d’opposants et le retour au pays attendu ce jeudi de l’ancien président Laurent Gbagbo, Soro et ses partisans semblent encore être dans l’œil du cyclone en Côte d’Ivoire.