Condamné en première instance à 11 mois de prison ferme, le 28 janvier dernier par le tribunal de Mafanco, à Conakry, l’acteur de la société civile et chargé de la mobilisation du Front national de défense de la constitution (FNDC), Oumar Sylla, alias Foniké Mbengué, a comparu, hier jeudi 3 juin devant la Cour d’appel de Conakry. Le procureur a requis le maintien en détention de l’activiste pour 2 ans ferme.
Le tribunal n’a pas été plus clément lors du jugement en appel de Oumar Sylla, allias Foniké Mbengué, hier à Conakry. Condamné en première instance à 11 mois de prison en première instance, en janvier dernier, le procureur a requis 2 ans de prison ferme contre le responsable chargé de la mobilisation du FNDC.
Foniké Mbengué a choisi de garder le silence et de ne répondre à aucune des nombreuses questions du procureur, Mohamed Kaba, qui lui a notamment demandé s’il reconnaissait avoir tenu des propos tels que « Alpha Condé est un dictateur », ou encore « on va faire l’assaut », rapporte RFI.
« La Guinée est un pays où la liberté d’expression est garantie, mais si chacun pouvait abuser de cette liberté d’expression et tenir des propos de ce genre, la République n’existerait pas », lance alors le procureur au leader des jeunes du FNDC, qui rétorque : « Je ne réponds pas, allons aux débats ».
L’un des avocats de la défense a déclaré, dans sa plaidoirieque son client est victime d’un règlement de comptes à cause de son opposition au tripatouillage de la Constitution et à un troisième mandat d’Alpha Condé.
« Je pense que les avocats que nous sommes sont satisfaits du déroulement du débat parce que nous avons pu quand même démontrer que les faits qui sont reprochés à Oumar Sylla, alias Foniké Mengué, ne tiennent pas, parce que les moyens d’appel que le procureur a développés ne sont pas consistants », a déclaré l’avocat à sa sortie d’audience.
Toutefois, dans son réquisitoire, le procureur Mohamed Kaba a demandé au tribunal de maintenir Foniké Mbengué dans les liens de la détention pour une période de 2 ans de prison ferme et a requis le paiement d’une amende de 20 millions de francs guinéens environ 1 800 euros d’amende.
Le leader des jeunes du FNDC avait été arrêté le 29 septembre 2020, avec violence par des hommes en civil dans la commune de Matoto à Conakry, alors qu’il s’apprêtait à participer à une manifestation du FNDC pour protester contre la candidature du Président Alpha Condé à un troisième mandat.
Il est poursuivi pour «attroupement illégal, trouble à l’ordre public, destruction de biens publics et atteinte à la sûreté de l’État ». Au bout de 4 mois de détention sans jugement, il avait observé une grève de la faim pour exiger son jugement en janvier dernier. Plusieurs opposants ont été arrêtés depuis septembre dernier en Guinée. Quatre d’entre eux sont déjà décédés en détention.
Le jugement de Foniké Mbengué a été mis en délibéré pour lejeudi 10 juin prochain.