Un troisième foyer terroriste pourrait naître dans le Sud-ouest du Niger, théâtre d’un banditisme violent venu du Nigeria voisin et de tensions communautaires. Ces tensions pourraient être exploitées par les groupes terroristes pour asseoir leur influence dans cette zone, selon le Centre de réflexions, International Crisis Group (ICG).
Le Niger fait déjà face à deux fronts terroristes : dans sa partie Est, proche du Nigeria avec le groupe terroriste nigérian BokoHaram et ISWAP, sa branche dissidente ; et dans sa partie Ouest, proche du Mali, avec les groupes affiliés au groupe EIet à Al-Qaïda.
Dans le Sud-ouest, « à la frontière entre le Niger et le Nigeria, le grand banditisme s’intensifie et se transforme de manière inquiétante, laissant présager l’apparition de situations insurrectionnelles dont pourraient profiter des groupes terroristes en quête de nouveaux territoires », selon un rapport de l’ICG, relayé par l’AFP.
Le rapport souligne que la violence exercée par ces gangs armés concentrés dans les Etats du Nord du Nigeria, s’est exportée au cours des dix dernières années dans les régions nigériennes de Maradi (Centre-sud) qui jouxte l’Etat fédéré nigérian de Zamfara et de Dogondoutchi (région de Dosso), frontalière de Sokoto, autre Etat fédéré du Nigéria.
La propagation du banditisme « renforce la méfiance entre les communautés » et « menace la cohésion sociale » dans cet espace jusqu’ici épargné par les sanglantes attaques terroristes au Niger, constate le rapport.
« Pour se protéger du banditisme, des groupes d’autodéfense sont en cours de formation dans la région de Maradi. Exclus de ces groupes et suspectés d’être à l’origine des violences armées, les pasteurs (éleveurs) sont poussés à se rapprocher des groupes de bandits pour y trouver une forme de protection », selon ICG.
« Les tensions locales sont souvent exploitées par les groupes terroristes » et « leur enracinement pourrait ouvrir un nouveau front de violence pour le Niger et menacer d’encerclement Niamey ».
Selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés, la région de Maradi accueille près de 100.000 personnes déplacées, dont 77.000 réfugiés nigérians, qui ont fui les attaques incessantes dans les Etats de Katsina, Sokoto et Zamfara, tous situés dans le Nord-ouest du Nigeria.