Devant la tournure des évènements, avec une contestation violente du coup d’Etat de facto de Mahamat Idriss Déby et des membres du Comité militaire de transition, le président Macron a fait un virage politique d’urgence. Pour préciser qu’il soutient certes la stabilité du Tchad, mais pas « un plan de succession ».
« Je suis pour une transition démocratique pacifique, inclusive, je ne suis pas pour un plan de succession. » Macron dixit ! Il ajoute qu’il a apporté son soutien à l’intégrité du Tchad, très clairement, à la stabilité du Tchad. « La France ne sera jamais à côté de ceux et celles qui forment ce projet (de succession). »
Cette nouvelle déclaration a le mérite de la clarté et rectifie les propos tenus à Ndjaména, lors des funérailles du Maréchal Déby.
Macron semblait alors, avoir adoubé la junte qui avait compris, fort justement, pouvoir compter sur l’appui de Paris.
En vérité, malgré les précisions apportées par le président français, Paris se trouve dans l’obligation de faire front avec le régime tchadien pour combattre les jihadistes dans le Sahel.
Le pays occupant une place stratégique dans le dispositif de l’opération Barkhane.
Mais le « rétropédalage » macronien est compréhensible dans le contexte surchauffé du Tchad, où le CMT est loin de tenir solidement les rênes du pouvoir.
La contestation externe est visible et les heurts sanglants qui ont fait plus de 10 morts à Njaména, ce jour, en constituent une preuve irréfutable.
L’après Déby s’écrit, pour le moment, en pointillés et la France a intérêt à tenir un discours d’ouverture, en mettant l’accent sur le respect de la démocratie et l’organisation d’élections libres et transparentes, après une transition aussi courte que possible.
Le « nouveau Déby », Mahamat de son prénom, a bien saisi le message de Macron.
Il s’est adressé aux tchadiens, pour la première fois, en mettant en exergue « l’urgence absolue de devoir défendre notre Patrie contre l’agression qu’elle subissait, de préserver les acquis de paix et de stabilité et de garantir l’unité et la cohésion nationale.
Les membres du CMT sont des soldats qui n’ont pas d’autre ambition que celle de servir loyalement et avec honneur leur Patrie ».
Il a annoncé la constitution prochaine d’ « un gouvernement de réconciliation nationale » et s’est fait l’avocat d’un dialogue national inclusif, avec comme objectif la mise en place d’un « Conseil national de transition consensuel et concerté ».
Avec ce discours rassembleur, Déby fils pourrait atténuer les critiques contre la junte qui a suspendu les Institutions et imposé sa volonté.
Pourtant rien n’est garanti car les manifestations populaires démontrent une sorte de ras-le-bol face à un régime qui dure depuis 30 ans.
La dévolution dynastique ne passe pas, ni à Njaména, ni à Paris.
Déby junior, cherche donc à gagner du temps.
La sortie de Macron l’oblige cependant, à accélérer la cadence.