Guerrier intrépide, le président tchadien, Idriss Deby Itno a rendu l’âme, à la suite de blessures subies dans des combats contre des forces du FACT, (front pour l’alternance et la concorde au Tchad), qui ont eu lieu le week-end.
Mortellement atteint, il a été ramené à Ndjamena où il a perdu sa dernière bataille.
Les officiers de l’Armée ont réagi immédiatement, en mettant son fils, Mahamat Deby à la tête d’un Conseil militaire de transition(CMT).
Ce nouvel organe va assumer le pouvoir d’Etat, pour une période de 18 mois.
Un couvre feu de 18 heures à 5 heures du matin est institué et toutes les frontières du pays sont fermées.
Deby Jr est un général dans l’Armée, qui dirige depuis des années, la direction générale des services de sécurité des Institutions de l’Etat(DGSSIE).
Il faut préciser que la garde présidentielle en fait partie.
La mort brutale du « Maréchal du Tchad », victime des « rebelles » du FACT ouvre une nouvelle ère politique au Tchad ; car, le long règne de Déby, 30 ans, a tellement façonné le pays qu’on imagine mal que son successeur de fils puisse assurer une continuité sans remous.
Pour le moment, l’Armée semble lui être fidèle, mais la lutte sanglante contre le FACT a, aussi des relents ethnicistes, les Goran s’opposant aux Zagawas, pour faire simple.
Hissène Habré que Déby avait vaincu et chassé fait partie de l’ethnie Goran tandis que Deby est membre des Zagawas.
Les combattants du FACT sont bien armés ; même s’ils ont été obligés de se replier après les violents engagements du week-end qui ont coûté la vie à leur pire ennemi, Deby.
Ils venaient du Sud de la Libye où ils ont du soutien à Misrata et beaucoup d’anciens alliés, comme le Général Haftar, devenus adversaires.
Leur séjour libyen les a aguerris et la mort de Déby pourrait les galvaniser, dans un avenir proche.
Toutefois le jeu des alliances extérieures va s’intensifier : la France s’est positionnée, en rendant hommage à Deby « un ami courageux » et en mettant l’accent sur la « stabilité du Tchad ».
Deby est resté un allié fidèle de Paris, en toutes circonstances. Il a utilisé ses troupes redoutables pour épauler les forces françaises et celles africaines engagées dans la lutte anti-terroriste au Sahel.
Il est vrai que Paris lui a été d’un très grand secours dans ses batailles décisives pour éliminer ses adversaires au Tchad, pour s’imposer comme leader politique et chef d’Etat.
La logique politique voudrait que le fils marche dans les pas de son père et reste un allié sûr de la France.
Au Tchad, cependant, les choses ne sont jamais simples car le pays est très vaste, les rivalités anciennes et les influences extérieures nombreuses.
Comme le Soudan, le pays est au carrefour des routes sahéliennes et sahariennes, à la jonction de l’Afrique du Nord et de l’Afrique noire.
La durée avait fini par installer Déby comme un élément stabilisateur.
Sa disparition ne sera pas facile à combler, dans un contexte difficile où les terroristes-jihadistes sont à l’offensive dans le continent africain.