La situation des Droits de l’homme en Guinée serait dramatique. Du moins si l’on en croit le rapport annuel duDépartement d’État américain, publié le 30 mars dernier, quidresse un bilan accablant de l’année écoulée. Exécutions extrajudiciaires, arrestations arbitraires, mauvaises conditions dans les prisons… figurent parmi les nombreux dysfonctionnements compilés dans ce rapport et relevés par plusieurs organisations de défense des Droits de l’homme.
Durant l’année 2020, de nombreux cas de violations des Droits de l’homme ont été commis en Guinée, allant des «exécutions extrajudiciaires perpétrées par le gouvernement ou en son nom », à des « actes inhumains », des « arrestations arbitraires » et de nombreuses restrictions aux libertés d’expression, selon le rapport du Département d’Etat américain.
Le document évoque chaque épisode électoral de l’année écoulée en Guinée, marqué par des violences. Par exemple, en octobre, le Front national pour la défense de la Constitution(FNDC) déplorait dix morts et des violences à Nzérékoré. Mais «aucune enquête n’a été ouverte sur ces incidents », souligne le rapport. Idem pour les violences en Guinée forestière il y a un an, après le référendum sur la nouvelle Constitution. Plusieurs dizaines de personnes avaient perdu la vie et de nombreux bâtiments avaient été détruits, mais « aucune enquête » n’a été ouverte, toujours selon le document.
Le rapport évoque également les mauvaises conditions dans les prisons, où 155 détenus ont été testés positifs à la Covid-19 en septembre ; de même, « le processus judiciaire manque souvent d’indépendance et d’impartialité ».
Un rapport qui manque de sérieux, selon Conakry
Le ministère de la Justice nie toutefois ces accusations etassure que les « droits de la Défense sont scrupuleusement respectés » en Guinée. Et selon le ministre de l’Information et de la communication, Amara Somparé, qui a réagi sur RF, ce rapport manque de sérieux.
« Nous avons pris connaissance du rapport. Malheureusement, il contient de nombreuses inexactitudes et au niveau factuel, il y a aussi beaucoup d’approximations. Peut-être qu’ils doivent manquer d’informations ou en tout cas, ils devraient revoir leurs sources d’informations parce que les enquêtes ont bel et bien été ouvertes sur tous les cas d’incidents avérés qui ont été constatés par les autorités compétentes en République de Guinée », déclare-t-il.
« Et je tiens à insister encore une fois, en Guinée, la justice est indépendante. Le temps de la justice n’est pas le temps des politiques, le temps de la justice n’est pas le temps des médias. Il faut laisser la justice faire son travail et quoi qu’il arrive, toute personne qui sera reconnue coupable d’avoir perpétré les crimes, que ce soit en période pré-électorale ou post-électorale, répondra de ses crimes devant la loi. Je pense que ce rapport mérite d’être revu en profondeur et nous en ferons part à nos partenaires américains », a encore dit AmaraSomparé.
Plusieurs responsables de l’opposition guinéenne ont été arrêtés et emprisonnés depuis le mois de septembre dernier, après les manifestations qui ont suivi la réélection d’Alpha Condé pour un troisième mandat. Plusieurs d’entre eux n’ont toujours pas été jugés et 4 sont déjà morts en détention.
Par ailleurs, le gouvernement guinéen interdit, depuis cette période, aux leaders de l’opposition de quitter le pays. Alpha Condé a également pris la décision unilatérale de fermer ses frontières avec plusieurs pays voisins dont le Sénégal, la Guinée-Bissau et le Liberia.