L’ancien chef de la police de République démocratique du Congo (RDC), le général John Numbi, soupçonné d’être le commanditaire de l’assassinat en 2010 du militant des droits humains Floribert Chebeya et cible de sanctions occidentales, a fui au Zimbabwe.
En février, deux policiers congolais en « exil », Hergil Ilunga et Alain Kayeye Longwa, ont affirmé à Radio France internationale (RFI) avoir participé à l’assassinat de Floribert Chebeya et accusé le général Numbi de l’avoir commandité.
« Le général John Numbi a quitté la RDC et s’est réfugié au Zimbabwe il y a deux semaines. Son chargé de sécurité (garde du corps, ndlr) Lunda wa Ngoie est arrêté », a écrit sur Twitter Georges Kapiamba, président de l’ONG Association congolaise d’accès à la justice (ACAJ).
John Numbi est « au Zimbabwe (…) sa ferme a été perquisitionnée samedi par des militaires de la garde présidentielle », à environ 50 km de Lubumbashi (Sud-Est de la RDC), a confirmé à l’AFP un de ses proches sous le couvert de l’anonymat, « c’est à cette occasion que l’adjudant Lunda wa Ngoie, chargé de sa sécurité, à été arrêté ».
« Je ne suis au courant de rien à ce sujet », a de son côté affirmé le porte-parole du gouvernement zimbabwéen Nick Mangwana, cité par l’AFP.
Figure de l’ONG la Voix des sans voix (VSV), Chebeya avait été convoqué le 1er juin 2010 dans les locaux de la police à Kinshasa pour y rencontrer le général Numbi, qui la dirigeait à l’époque, lequel nie avoir fixé ce rendez-vous.
Le corps de Chebeya avait été retrouvé le lendemain dans sa voiture à la périphérie de Kinshasa. Son chauffeur, Fidèle Bazana, qui l’avait accompagné à ce rendez-vous, a depuis disparu et son corps n’a jamais été retrouvé.
Le général Numbi n’a jamais été poursuivi, selon l’AFP. Il avait comparu en tant que témoin au procès en 1ere instance en 2011, mais n’avait pas été appelé à la barre lors du procès en appel en 2015, qui a condamné à 15 ans de réclusion un colonel de police, Daniel Mukalay, toujours incarcéré à Kinshasa et acquitté un capitaine. En première instance, trois policiers avaient en outre déjà été acquittés et trois autres, en fuite, condamnés à mort par contumace.
Après les témoignages des deux policiers à RFI, des nombreuses voix se sont élevées pour réclamer la réouverture du procès et des poursuites contre le général Numbi.
Sous sanctions américaines et de l’UE pour des atteintes aux droits humains entre 2016 et 2018 sous la présidence de Joseph Kabila, dont il était l’un des principaux sécurocrates, le général Numbi a été démis en juillet de ses fonctions d’Inspecteur général de l’armée par le président Félix Tshisekedi, élu fin 2018.