Encore une fois, la zone des « trois frontières » (entre le Niger, le Mali et la Burkina) a été le théâtre d’une attaque sanglante des terroristes contre des populations civiles :bilan de ce jour : 58 morts, plus une dizaine environ tuée la veille. Déjà, entre les deux tours de la présidentielle, une centaine de personnes avaient été assassinées dans la même localité, par les mêles criminels membres de Al Qaida, de l’Etat islamique et d’autres groupuscules jihadistes assoiffés de sang.
L’objectif est de répandre la terreur et de pousser les populations à quitter les lieux ou à se soumettre à leur diktat. Un déploiement de plus de mille soldats tchadiens est attendu dans la zone, mais n’a pas encore était finalisé. C’était une des décisions du sommet du G5 Sahel tenu à Ndjaména. Cette nouvelle tuerie fragilise encore davantage l’Etat nigérien dont les moyens sont limités. Pourtant le pays bénéficie de l’action de la force française Barkhane et peut aussi compter sur la présence d’une base de drones américains sur son territoire.
Le problème est l’immensité désertique et la multiplicité des fronts terroristes avec les attaques combinées de Al Aida, de l’EI et de Boko Haram, sans oublier d’autres groupuscules, comme Ansardine etc. Le Niger est pris entre plusieurs feux. Son nouveau président Mohamed Bazoum a été longtemps ministre de l’intérieur et a ainsi une grande expérience dans le domaine sécuritaire. Il va prêter serment bientôt et prendre les choses en main. Pourra- t-il faire mieux que son mentor et prédécesseur ? Il n’y a aucune garantie.
Son action aurait pu être forte si elle était soutenue par l’ensemble des nigériens ;mais les rivalités politiques sont exacerbées et le véritable chef de l’opposition, empêché de prendre part à la présidentielle, Hama Amadou est actuellement en prison. Il est accusé d’avoir fomenté les troubles qui ont éclatés après la proclamation des résultats donnant Bazoum gagnant. Comme au Mali et au Tchad, la situation politique au Niger est problématique. Elle fait l’affaire des terroristes.