La Haute-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme Michelle Bachelet a appelé jeudi à une « enquête objective et indépendante » dans la région éthiopienne du Tigré (Nord). Et ce, après avoir « corroboré de graves violations » susceptibles de constituer des « crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ».
Bachelet a annoncé que son bureau « a réussi à corroborer des informations sur certains incidents survenus en novembre de l’année dernière, indiquant des bombardements aveugles dans les villes de Mekele, Humera et Adigrat dans la région du Tigré », théâtre de plusieurs mois de combats.
Le bureau de l’organisation onusienne a également vérifié « des informations » faisant état de graves violations et abus incluant des massacres à Aksoum et à Dengelat dans le centre du Tigré par les forces armées érythréennes.
Devant le Conseil de sécurité de l’ONU, le secrétaire général adjoint des Nations unies pour les Affaires humanitaires, Mark Lowcock, a réclamé jeudi le retrait des troupes érythréennes du Tigré, dont la présence continue à ce jour d’être démentie par Addis Abeba et Asmara.
Multiples acteurs dans le conflit
« Les forces de défense de l’Erythrée doivent quitter l’Ethiopie et elles ne doivent pas être autorisées à continuer leur campagne de destruction avant leur départ », a-t-il dit, selon son discours, relayé par l’AFP, prononcé lors d’une réunion à huis clos du Conseil. C’est la première fois qu’un responsable de l’ONU demande explicitement le retrait des troupes érythréennes d’Ethiopie.
Lowcock a aussi demandé d’ « intensifier considérablement l’action humanitaire » et évoqué les « atrocités » massives qui y auraient été commises par des militaires, dont des Erythréens. Plusieurs massacres ont été documentés au Tigré, pour certains imputés par les survivants à des soldats érythréens.
Les forces en présence depuis le lancement début novembre par le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed d’une opération contre les autorités régionales dissidentes, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), comprennent l’armée fédérale éthiopienne, l’armée érythréenne, les forces de la région Amhara et les milices affiliées, et le TPLF, selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme.
« Avec de multiples acteurs dans le conflit, des dénégations générales », il y a « clairement besoin d’avoir une évaluation objective et indépendante », a déclaré Mme Bachelet. Elle a exhorté le gouvernement éthiopien à autoriser son bureau et d’autres enquêteurs des Nations unies à accéder à Tigré « en vue d’établir les faits et de contribuer à rendre des comptes, quelle que soit l’origine des auteurs ».