Au moins deux personnes ont été tuées et cinq autres blessées dimanche dans la capitale tchadienne, N’Djamena, dans des échanges de tirs au cours d’une tentative d’interpellation de l’opposant Yaya Dillo Djerou, a annoncé le gouvernement dans un communiqué.
Yaya Dillo Djerou était candidat déclaré à la présidentielle du 11 avril. « Il y a eu deux morts et cinq blessés dont trois parmi les forces de l’ordre », lors d’une tentative d’interpeller l’opposant Yaya Dillo Djerou à son domicile, a indiqué Chérif Mahamat Zene, porte-parole du gouvernement.
« Les forces de défense et de sécurité ayant essuyé des tirs d’armes » venant du domicile de l’opposant, elles « n’ont pas eu d’autres choix que de riposter en légitime défense », a-t-il affirmé.
Dans la nuit, Yaya Dillo, un ancien chef rebelle devenu ministre après avoir rallié le président Idriss Déby Itno, a indiqué sur sa page Facebook que sa maison à N’Djamena était encerclée par l’armée et la police.
« Ils viennent de tuer ma mère et plusieurs de mes parents », a-t-il dit quelques minutes plus tard. Ces informations n’ont pu être confirmées de source indépendante selon l’AFP. De même, dimanche en milieu d’après-midi, il était impossible de savoir si Dillo avait été arrêté.
Internet et les réseaux téléphoniques étaient très perturbés à N’Djamena. Des blindés et militaires quadrillaient les axes menant au domicile de Yaya Dillo, dans le quartier Karkadjiye, dans la commune du 5ème arrondissement.
Selon les autorités, Dillo est sous le coup de deux mandats d’arrêt, après avoir été visé par une plainte pour diffamation et injures à l’encontre de la Première dame Hinda Déby Itno. Il avait notamment dénoncé une convention signée entre l’épouse du chef de l’Etat et le gouvernement dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de coronavirus.
« Suite à un refus systématique depuis 48 heures de Monsieur Yaya Dillo, appuyé d’un groupe de personnes armées, de répondre à deux mandats judiciaires », celui-ci « a vertement défié l’autorité de l’État en opposant une résistance armée », a justifié le porte-parole du gouvernement.
Depuis plusieurs semaines, le gouvernement interdit systématiquement, car « susceptibles d’occasionner des troubles à l’ordre public », toute manifestation de l’opposition et de la société civile qui réclament l’alternance et plus de justice sociale.