Un important groupe hospitalier sud-africain est au coeur d’une polémique après avoir reconnu que le Dr Wouter Basson, surnommé « Docteur la Mort » pour son sinistre rôle pendant le régime d’apartheid, officiait dans deux de ses cliniques.
De nombreux Sud-Africains se sont déclarés cette semaine scandalisés d’apprendre que le Dr Basson, cardiologue de 70 ans, figurait sur la liste des spécialistes exerçant dans deux hôpitaux privés du groupe Mediclinic Southern Africa, qui opère dans le pays et en Namibie voisine.
En 2002, Wouter Basson, ancien chirurgien en chef des forces armées, avait été acquitté par la Haute Cour de Pretoria de 67 chefs d’accusation, dont meurtre, fraude et trafic de drogue et avait repris son activité de médecin trois ans plus tard.
Mais en 2013, le Conseil de l’ordre des médecins l’avait reconnu coupable d’infraction au code éthique, sans pour autant le radier de la profession. Il était poursuivi pour avoir notamment fourni des capsules de cyanure à des militaires et des drogues en vue d’enlèvements.
« On peut considérer qu’une bonne partie de la colère que nous voyons aujourd’hui dans notre société trouve ses racines dans la douleur que les gens ont continué à porter de l’époque de l’apartheid à celle de la démocratie », a déclaré Verne Harris, directeur de la recherche à la Fondation Nelson Mandela, cité par l’AFP.
Un parti d’opposition de gauche radicale, les Combattants pour la liberté économique (EFF), a qualifié dans un communiqué d’ « aberration » l’autorisation accordée au Dr Basson de pratiquer la médecine, estimant que « sa place est en prison » et lui reprochant de n’avoir « exprimé aucun remords ».
Interpellé sur les réseaux sociaux, le groupe hospitalier a fait valoir lundi qu’il ne pouvait interdire à un médecin, « y compris le Dr Basson, d’exercer, à moins qu’une loi ne l’en empêche ».
En 2015, les étudiants en médecine de la prestigieuse université de Stellenbosch (Sud-Ouest), à 50 km à l’est du Cap, avaient exigé que le Dr Basson ne puisse plus avoir de contact avec eux, en raison de son passé.