La nouvelle Constitution dont la révision a été initiée par le président Ali Bongo est passée comme « une lettre à la poste » au Gabon. Elle a été votée, hier, par le Parlement réuni en Congrès, qui l’a adoptée à une écrasante majorité. Sur les 229 votants, 204 ont voté pour et 25 contre. Aucune abstention n’a été notée, selon RFI.
C’est vendredi dernier que le projet de révision constitutionnelle avait été présenté en Conseil des ministres. Selon le gouvernement, l’objectif est de combler des vides juridiques. En effet, en raison de la maladie qui a frappé le président Ali Bongo depuis deux ans, le texte prévoit qu’en cas de vacance du pouvoir, l’intérim du président de la République sera assuré par un Triumvirat composé du président de l’Assemblée nationale, du président du Sénat et du ministre de la Défense. Cela, alors que l’article 13 de la Constitution prévoyait, jusque-là, que l’intérim soit assuré par le seul président du Sénat.
Mais pour l’opposition, il s’agit d’une reculade démocratique, surtout que le texte prévoit également d’accorder une immunité au président de la République et aux parlementaires, même après la cessation de leurs fonctions.
Toutefois, l’opposition étant minoritaire dans les deux Chambres du Parlement, le texte est finalement passé comme une « lettre à la poste » dans les deux institutions.
Déjà, le 15 décembre dernier, les députés avaient adopté le projet sans aucun amendement. Et lundi 28 décembre, les sénateurs en ont fait de même. La réunion des deux Chambres du Parlement en Congrès n’était alors devenue qu’une simple formalité.
Il faut rappeler que la nouvelle Constitution intègre aussi le concept « d’indisponibilité temporaire » évoqué pour la première fois il y a deux ans, lorsque le président Ali Bongo avait été victime d’un accident vasculaire cérébral. La Cour constitutionnelle n’avait alors pas déclaré la vacance du pouvoir.
Dans le même temps, le nouveau texte autorise le chef de l’Etat à nommer une partie des sénateurs alors qu’ils étaient tous élus auparavant.
L’opposition et la société civile, qui dénonçaient surtout l’immunité qui sera prolongée pour le chef de l’Etat au-delà de l’exercice du pouvoir, avaient publié, mardi dernier, une déclaration appelant à la mobilisation générale pour barrer la route à ce qu’ils avaient qualifié de « plan machiavélique ».
Dans la soirée, le porte-parole de la présidence de la République, Jessye Ella Ekogha, avait convoqué la presse pour défendre le projet de loi, accusant l’opposition de chercher à manipuler l’opinion.