Exclu de la présidentielle pour cause de condamnation à un an de prison en 2017 dans une affaire nébuleuse « de trafic d’enfants », l’opposant Hama Amadou a décidé d’apporter son soutien à l’ex-président Mahamane Ousmane. Ce choix tardif devrait, tout de même, peser car Hama est populaire et sortait du lot des opposants. S’il était autorisé à compétir et si le scrutin était démocratique et transparent(cela fait deux gros « si »), Hama aurait été en mesure de pousser Bazoum, le candidat du pouvoir, à un deuxième tour.
Mis hors-jeu ,il avait le choix entre s’allier avec quelqu’un ou s’abstenir. Il a choisi la première alternative. Assurément il met en lumière Mahamane, dont le statut d’ancien chef de l’Etat est aussi un plus dans une bataille électorale dont l’issue est imprévisible. Même si Mohamed Bazoum apparaît comme le candidat en tête du peloton.
C’est d’ailleurs ce qui lui vaut en ce moment, des attaques d’une rare violence de la part de certains de ses adversaires qui n’hésitent pas à soulever des questions nauséabondes ethnicistes et autres. De telles dérives verbales ne vont pas prospérer dans un pays ,certes marqué par des coups d’État, mais où tous les membres de la « classe politique » se connaissent très bien. Bazoum évolue dans ce milieu depuis longtemps et a su tirer son épingle du jeu. Ce n’est pas un hasard si Issoufou l’a adoubé pour reprendre le flambeau, après avoir terminé son deuxième et dernier mandat.
Le test électoral nigérien est intéressant à suivre car le pays fait partie du triangle (voire rectangle) de feu où les terroristes -jihadistes opèrent et sèment mort et désolation. Le Niger est impliqué à la fois dans la tragédie sahélienne et dans les raids meurtriers de Boko Haram. La question de la sécurité est donc au premier plan des préoccupation des citoyens. Bazoum qui a dirigé le ministère de l’intérieur devrait rassurer ,même si, on pourrait aussi lui reprocher la faiblesse de la riposte nigérienne aussi bien contre les groupes terroristes du Sahel que contre Boko Haram.
Il y a aussi l’ensemble de l’héritage de Issoufou qui est sur la balance. Des critiques justifiées peuvent lui être adressées en ce qui concerne le respect des droits de l’homme et des libertés politiques. Le traitement infligé à Hama ,emprisonné et exilé, condamné et gracié laisse une empreinte indélébile d’injustice. Il appartient aux nigériens de trancher. Dimanche !