Le projet de révision de la Constitution lancé par le gouvernement en fin de semaine dernière ne passe pas au Gabon. Une vingtaine de représentants des partis de l’opposition et de la société civile ont publié une déclaration commune, hier mardi, appelant à une mobilisation nationale contre le projet.
Le texte du projet de révision prévoit que, l’intérim du président de la République en cas de vacance du pouvoir sera assuré par le président de l’Assemblée nationale, son collègue du Sénat et aussi le ministre de la Défense. Mais la vraie pomme de discorde est surtout liée à l’immunité qui sera accordée au président de la République et aux parlementaires, même après la cessation de leurs fonctions.
Hier après-midi, le porte-parole de la présidence de la République, Jessye Ella Ekogha, qui avait convoqué la presse, a accusé l’opposition de chercher à manipuler l’opinion, rappelant que l’article 78 qui dispose que «le président de la République qui a cessé ses fonctions ne peut être mis en cause, poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé » existait déjà dans la Constitution révisée en 2018.
Le même texte, a-t-il souligné, dans des propos rapportés par RFI, prévoit que le président de la République en fonction puisse être jugé pour « violation de son serment ou haute trahison », alors qu’avec la révision, la Haute Cour de justice pourra le juger pour d’autres crimes. Ce qui est «plus contraignant pour le chef de l’État », a-t-il précisé.
Plus tard, hier, dans la soirée, les leaders de l’opposition et de la société civile ont publié une déclaration. Ils disent admettre que l’immunité accordée au chef de l’État et aux parlementaires est une garantie qui leur est accordée « pour les protéger pendant l’exercice de leur mandat».
Toutefois, ont-ils soulevé, «l’extension de celle-ci au-delà de cette période est une déviation. Elle cache la crainte de rendre compte des actes délictueux ou criminels. Ce qui est inacceptable», ont-ils dit.
Avertissant qu’aucun « tripatouillage constitutionnel ne peut préserver de poursuites », ils ont appelé à « une mobilisation nationale pour barrer la route à ce plan machiavélique ».
En conséquence de la maladie qui a frappé Ali Bongo il y a deux ans, le projet de révision constitutionnelle a été présenté en Conseil des ministres, vendredi dernier, proposant désormais, en cas de vacance du pouvoir, que l’intérim du chef de l’État soit assuré par un triumvirat composé du président de l’Assemblée, du président du Sénat et du ministre de la Défense.