Les autorités guinéennes préparent l’investiture du président Alpha Condé le 15 décembre prochain, après sa réélection pour un troisième mandat, contesté par l’opposition, à l’issue du scrutin du 18 octobre dernier. D’ailleurs, le Front national pour la défense de la constitution (FNDC), une plateforme regroupant la société civile et des partis d’opposition, appelle à une journée de manifestations éclatées le même jour dans tout le pays. L’objectif est d’exprimer, à nouveau, leur rejet du 3e mandat d’Alpha Condé.
« Alpha CONDÉ a décidé d’organiser, le 15 décembre 2020, le baptême du coup d’État constitutionnel qu’il a perpétré successivement les 22 mars et 18 octobre 2020 en tuant des centaines de Guinéens et faisant des milliers de blessés ainsi que des dégâts matériels importants à travers le pays. La Coordination nationale du FNDC, fidèle au combat contre le troisième mandat et l’autocratie, appelle à la mobilisation de tous les Guinéens épris de justice pour prendre activement part à une manifestation éclatée dans tout le Grand Conakry le mardi 15 décembre 2020. Cette journée de manifestations est une occasion de renouveler le rejet du troisième mandat par le peuple de Guinée et réaffirmer la détermination des démocrates du pays à poursuivre le combat démocratique jusqu’au départ du dictateur Alpha Condé, afin de permettre une refondation totale de l’État Guinéen en le débarrassant de ce système corrompu », a écrit, en effet, le FNDC dans une déclaration publiée, hier jeudi 3 décembre 2020.
Toujours selon le document largement diffusé par les médias guinéens, « le FNDC réaffirme son engagement à poursuivre cette noble lutte pour rendre justice aux victimes sauvagement assassinées par ce clan mafieux. Et aussi longtemps qu’Alpha Condé s’accrochera au pouvoir, notre combat se poursuivra sans répit. Alpha Condé ne pourra plus jamais s’asseoir tranquillement dans un fauteuil souillé de sang pour prétendre diriger un peuple opprimé, mais déterminé à se libérer ».
Reste maintenant aux leaders du FNDC de réussir le pari de la mobilisation lors de cette manifestation annoncée.
On se rappelle, en effet, que la dernière manifestation à l’appel de l’UFDG, le parti de Cellou Dalein Diallo et ses alliés, le 25 novembre dernier, n’avait pas mobilisé beaucoup de monde.
En pour cause, le dimanche 22 novembre, le Gouvernement guinéen avait fait une déclaration sur la télévision nationale, interdisant tout rassemblement aux associations politiques et sociales, évoquant des mesures sanitaires liées à la propagation de la Covid-19. Un impressionnant dispositif sécuritaire avait ensuite été déployé notamment dans les rues de la capitale guinéenne, pour dissuader les plus récalcitrants.
Un défi donc pour l’opposition guinéenne au moment où la plupart de ses leaders ont été arrêtés et emprisonnés par les autorités depuis plusieurs semaines.
Les tensions postélectorales en Guinée avaient causé plus de 30 morts selon l’opposition, 21 selon le gouvernement, lors de manifestations à travers le pays.